Multimédia

Elektra

Kevin Lacasse | 25 février 2022

Elektra est un organisme à but non lucratif qui, depuis 1999, diffuse au Québec, mais aussi à l’international, des œuvres et performances qui allient art et numérique d’artistes québécois et d’ailleurs. Les œuvres s’inscrivent dans la catégorie d’art numérique et mettent à l’avant-plan la jonction de l’art contemporain et des technologies numériques, digitales et robotiques. Ces œuvres sont issues de collaborations, mais également de recherches et d’expérimentations qui sortent de l’ordinaire et viennent contester les fondements mêmes de la représentation artistique des technologies qui agrémentent notre quotidien.

Origine et évolution

C’est à Alain Thibault que l’on doit la création de l’organisme Elektra. Directeur général et Artistique de l’organisation, l’homme a d’abord fait ses études à l’Université de Montréal en musique électronique. Le « Festival Elektra » n’a pas toujours eu la mouture que nous connaissons aujourd’hui. À l’origine, cette manifestation se voulait être davantage un festival de musique à saveur électronique. Au fil des années, la vision d’Alain Thibaut et de son entourage ont raffiné l’évènement pour rapprocher peu à peu l’art et l’électronique. Les technologies se démocratisant, les artistes se développant, « l’art électronique » s’est développé vers « l’art numérique » telle qu’elle nous l’est présentée aujourd’hui. En constante évolution, Elektra a diversifié avec les années son offre au public en organisant en 2007 par exemple le « Marché international de l’art numérique », ou MIAN. Le MIAN accueille à Montréal chaque année des acteurs majeurs de l’art et de la culture numérique dans une rencontre professionnelle sans pareil. Le but de cette rencontre est principalement de faire découvrir et de promouvoir les artistes locaux à ces producteurs et diffuseurs étrangers.

Une diversification à saveur électronique

Dans la même lignée que le MIAN, Elektra créera en 2012 la « Biennale internationale d’art numérique » mieux connu sous l’acronyme BIAN. Cette manifestation artistique qui se présente une fois tous les deux ans prend la forme d’une grande exposition d’œuvres d’art alliant les nouvelles technologies à la création artistique contemporaine. Chaque édition, un pays invité prend part à ce rassemblement comme ce fut le cas pour la France pour la première mouture, ou encore l’Allemagne pour la quatrième édition en 2018. Pour 2022, ce sont les pays de l’Asie de l’Est, soit la Corée du Sud, le Japon et la Chine qui sont à l’honneur. Sous le thème de la métamorphose, METAMORPHOSIS, ce cinquième opus met à l’avant-plan

 « la métamorphose de notre société, notamment suite à cette pandémie que nous venons de vivre ». Dans cette exposition, nous y retrouvions entre autres des images générées par intelligence artificielle de l’artiste médiatique Cadie Desbiens-Desmeules, via les informations tirées de « Hashtag » ou mot-dièse populaire sur Instagram. Nous y retrouvions également l’œuvre Prosperity de l’artiste québécois Samuel St-Aubin, un dispositif à classer des grains de riz ou encore l’animation 3D mettant en vedette l’avatar non binaire Doku de l’artiste chinoise multimédia Lu Yang.

Elektra sur la scène internationale, et dans le Metaverse ?

Elektra n’est pas seulement une vitrine locale pour les artistes locaux. C’est également un ambassadeur et exportateur de talent porteur d’initiatives et de collaboration avec de multiples partenaires. L’un des partenaires est le groupe automobile Hyundai. Disposant d’une grande galerie d’art, le « Hyundai Motorstudio Seoul » en Corée du Sud abrita pendant plusieurs mois des expositions uniques, le tout ayant pour but d’offrir des expériences culturelles sans égales. Cette exposition a par ailleurs été adaptée au mode virtuel monnayant un navigateur web pour s’ajuster aux mesures sanitaires imposées par la Covid-19.

Le dernier des projets d’envergures en développement par l’équipe d’Alain Thibault est la création d’un musée virtuel interactif. Initialement développé sur le moteur de rendu 3D Unity, le projet qui est bien avancé à l’heure actuelle est passé au moteur Unreal de l’entreprise Epic Games. Ce changement pour un moteur de rendu plus performant permet au développeur, en collaboration avec des artistes et des architectes de rendre le projet de musée virtuel d’autant plus immersif et impressionnant. En ce moment, les personnes désireuses d’assister à une exposition doivent avant tout télécharger une application. Ils ont ensuite accès à la programmation de l’espace virtuel où l’immersion et les échanges sont à l’avant-plan. Toujours selon Alain Thibault, ce musée virtuel reprendra avec le temps des thématiques de « Métaverse » et pourra inclure des « Non-fungible Token », ou NFT dans le langage courant. Avec ces projets ambitieux, Elektra continue de repousser les frontières artistiques en laissant libre cours à l’innovation et à la créativité désinvolte des artistes qui participent à ce mouvement unique en son genre.

ELEKTRA. (2022, 02 25). CADIE DESBIENS-DESMEULES [QC-CA] - Alter ego, 2020. Récupéré sur ELEKTRA MONTREAL: https://www.elektramontreal.ca/bian2021-desbiens-desmeules?lang=fr

ELEKTRA. (2022, 02 25). EXPOSITION Hyundai Motorstudio Seoul [KR]. Récupéré sur ELEKTRA MONTREAL: https://www.elektramontreal.ca/hyundaixelektra?lang=fr

ELEKTRA. (2022, 02 25). LU YANG [CN] - DOKU-HUMAN, 2021. Récupéré sur ELEKTRA MONTREAL: https://www.elektramontreal.ca/bian2021-luyang?lang=fr

ELEKTRA. (2022, 02 25). SAMUEL ST AUBIN [QC-CA] - Prosperity II, 2020. Récupéré sur ELEKTRA MONTREAL: https://www.elektramontreal.ca/bian2021-samuel-st-aubin?lang=fr

Propos recueillis par l’équipe de Poly-Monde lors de la visite virtuelle du 25 février 2022