Vincent Boltz | 17 mars 2023
Fermes Lufa est une entreprise ayant pour objectif de réinventer le système alimentaire actuel, non pas en remplaçant les fermes traditionnelles, mais en construisant un système plus local et plus durable. Cette organisation cultive de la nourriture sur toit et crée des partenariats avec des fermes locales, afin de distribuer à travers le Québec des produits locaux, frais et responsables. En 2011, à Ahuntsic, ils développent la première serre sur toit commercial au monde. Aujourd’hui, ils sont maintenant à quatre serres, dont celle de Ville-Saint-Laurent étant la plus grande au monde, une belle évolution.
La mise en place d'une serre
Quand l’entreprise veut construire une ferme, plusieurs options s'offrent à elle : construire sur de l'existant ou travailler de concert avec un promoteur pour développer la ferme en même temps que la construction d'un nouveau bâtiment. Dans les deux cas, cela permet de cultiver dans un espace qui finalement, n'aurait pas été mis en valeur. Quand la conception d'une serre prend place, il faut réfléchir notamment au type de légumes qui y seront plantés, cela influe sur le design. Le principe de culture utilisé dans ces serres se nomme l'hydroponie : c'est la culture de plantes réalisée sur un substrat neutre irrigué d’un courant de solution qui apporte des sels minéraux et des nutriments essentiels à la plante.
La technologie de ces fermes se base sur plusieurs principes importants : la réutilisation d'eau, (plus de 90 %) la réutilisation de la chaleur résiduelle ainsi que l'utilisation d'insectes prédateurs pour éviter les pesticides. Tout cela permet un impact environnemental faible et des produits de qualités aux consommateurs. Malgré cela, il leur est impossible d'appliquer des certifications biologiques à leurs produits, ce type de norme n'existant pas au Québec pour la culture hydroponique.
L'éducation du consommateur
Un des défis que l'entreprise prend à cœur est celui de l'éducation. Étant un nouveau modèle, peu répandu, il est nécessaire de rassurer les consommateurs quant aux différences avec l'agriculture traditionnelle. Prenons un exemple : les oranges distribuées par Fermes Lufa ne sont pas nécessairement de la couleur orange, mais peuvent être vertes ou jaunâtres. Cela vient du fait qu'ils ne traitent pas ce fruit pour lui rendre une couleur visuellement appréciable. Cette éducation passe notamment par de nombreux articles de blogues publiés sur leur site.
Un modèle local de distribution
Les Fermes Lufa, c’est plus de 30 000 paniers distribués chaque semaine. Une grosse partie des produits ne proviennent pas de leurs propres fermes, mais de partenariats avec des producteurs locaux. Des producteurs seuls dans leur cuisine aux agriculteurs possédant plusieurs hectares de champs, la liste est longue. La majorité des produits distribués, environ 90 %, provient du Québec. Une centaine de points de cueillettes a été mise en place pour faciliter la distribution. On retrouve donc bien cette valeur du local dans tous les aspects de leur modèle.
Ce modèle de distribution locale et sans intermédiaire est en plein essor au Québec depuis quelques années, et le nombre de fermes le proposant est de plus en plus important. C’est une alternative économique et écologique au modèle de distribution standard. Économique, car les grandes surfaces ne faisant plus partie de l’équation, les coûts sont automatiquement plus bas. Écologique, car les produits ne viennent principalement que des régions alentour, et le nombre de kilomètres parcouru par produit est lui aussi inférieur. Ce renouveau de l’agriculture et de la distribution, qui peut apparaître comme innovant, s’inspire en réalité de nos pratiques passées, plaçant ainsi le consommateur, les producteurs locaux et l’environnement au cœur d’un modèle d’avenir.