Gestion de l'eau

Naviguer vers un port plus vert et moderne

Charles Meloche | 4 mars 2025

Le Port de Québec, aussi ancien que la ville elle-même, est un pilier du commerce maritime canadien. Le Port de Québec, avec son emplacement stratégique, se distingue comme étant le dernier port du Saint-Laurent offrant une profondeur de 15 mètres pour l’accueil de gros navires, combinée à une intermodalité optimale grâce à ses connexions par navire, train et camion. Avec 70 % du transbordement effectué de navire à navire, 20 % par train et 10 % par camions, il joue un rôle central dans la logistique nationale. Pourtant, les activités qui s’y déroulent nécessitent une gestion continue d’enjeux environnementaux, notamment en matière de gestion de l’eau et de qualité de l’air, qui sont au cœur des préoccupations de notre secteur d’étude.

Le Port de Québec : un acteur clé du commerce maritime

Lors de notre visite, nous avons pu observer de près les infrastructures portuaires, notamment les quais de vrac solide et liquide, tels que les céréales, les minéraux et les produits pétroliers, les équipements de manutention et les zones d’entreposage. Les responsables du Port ont expliqué les défis opérationnels et l’objectif de modernisation continue. Malgré des projets d’expansion avortés, le Port de Québec doit désormais optimiser son espace existant et restructurer certaines zones. Par exemple, le Port est en pleine rénovation d’un terminal dans le secteur de l’Anse-au-Foulon à la suite de la cession d’un bail et un des utilisateurs projette l’idée d’accueillir potentiellement des conteneurs à Beauport pour accueillir les navires de l’international. La modernisation du port inclut également l’intégration de technologies numériques pour améliorer la gestion intégrée des activités.

Un enjeu majeur abordé lors de notre visite concerne la gestion de l’eau, en particulier la problématique de l’eau rouge, qui résulte des efforts pour arroser le minerai de fer et ainsi limiter les émissions de poussières qui avaient déjà engendré des problématiques, notamment à Limoilou. Ce phénomène génère des défis importants en matière de gestion de l’eau, car cette eau rouge, polluée par les matières en suspension, risque de se retrouver dans le fleuve Saint-Laurent si elle n’est pas correctement traitée. Pour y faire face, le Port de Québec, en collaboration avec ses partenaires, a mis en place un bassin d’épuration pour filtrer cette eau avant qu’elle ne soit rejetée, afin de limiter son impact sur l’environnement et la population locale.

Conscient des enjeux environnementaux liés à ses activités, le Port de Québec travaille en collaboration avec les communautés locales avec l’objectif de réduire son impact environnemental, d’améliorer la qualité de l’air, de limiter la pollution sonore et de protéger la biodiversité. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de la Vision 2035 du Port, qui cherche à intégrer des pratiques durables tout en renforçant la cohabitation avec les riverains et les autres acteurs du territoire. L’objectif est de faire du Port un modèle de durabilité et d’acceptabilité sociale.

Alliance verte : un engagement environnemental structurant

En parallèle de la visite du port, nous avons eu l’occasion de rencontrer l’Alliance verte, un programme de certification environnementale reconnu dans l’industrie maritime nord-américaine avec près de 200 participants et dont le Port de Québec est membre fondateur. Ce programme vise à inciter les acteurs du transport maritime à s’engager dans une démarche d’amélioration continue et à adopter des pratiques plus durables en allant au-delà des exigences réglementaires.

La directrice de programme de l’Alliance verte nous a présenté les 14 indicateurs de performances à 5 niveaux couverts par le programme comme les émissions de gaz à effet de serre, la prévention des déversements et la gestion des eaux pluviales, la gestion des matières résiduelles, l’écosystème aquatique et le bruit sous-marin. L’adhésion des ports, des opérateurs de terminaux et de chantiers maritimes ainsi que des armateurs à cette initiative repose sur un processus d’autoévaluation annuelle et des vérifications indépendantes permettant d’assurer la rigueur et la crédibilité du programme ainsi que la transparence et l’amélioration continue des pratiques.

À titre d’exemple, le Port de Québec maintient une note parfaite au niveau des indicateurs de performances depuis maintenant 6 ans, ce qui témoigne des efforts qui ont été déployés. En effet, il s’engage également à améliorer sa surveillance environnementale en installant des stations de mesure de la qualité de l’air et du bruit à divers endroits stratégiques du territoire. Ces dispositifs permettent de mieux comprendre l’impact des activités portuaires sur les environs et d’adapter les stratégies de gestion afin de minimiser les nuisances pour les citoyens. Grâce à cette approche proactive, le Port de Québec cherche à renforcer sa résilience et à répondre aux attentes des communautés locales tout en maintenant une activité portuaire dynamique.

Vers une collaboration durable

En conclusion, le Port de Québec adopte une approche novatrice en matière de gestion environnementale, privilégiant désormais la collaboration avec d’autres ports malgré la compétition économique. Des initiatives telles que l’Alliance verte permettent à la société de progresser dans la bonne direction. Les ports mettent de plus en plus l’accent sur le partage de ressources, de technologies et de meilleures pratiques pour réduire collectivement leur impact environnemental. Cette volonté de coopération se traduit par des projets communs qui vont au-delà de la concurrence, avec pour objectif de promouvoir une approche durable à l’échelle du secteur. L’une des initiatives les plus ambitieuses à long terme est la création d’un corridor vert.