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Pyrocycle

Chloé Blais-Lemelin | 21 avril 2022

Selon l’ONU, en 2019, on pouvait compter jusqu’à 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques en tout genre et ce nombre ne cesse d’augmenter (Radio-Canada, 2022). Environ 22 000 tonnes par an sont contrôlées et supervisées par des programmes comme RECYC-QUÉBEC. Le reste du volume est soit non recyclé, soit recyclé par des entreprises privées : les proportions sont inconnues. 

Pyrocycle est le projet de Mohammed Khalil, titulaire d'un doctorat en génie chimique de Polytechnique Montréal, qui s’est donné comme mission de redonner vie aux déchets électroniques en mettant au point un nouveau procédé thermochimique de recyclage utilisant une technologie verte, fonctionnelle, rentable et innovante. L’équipe de Poly-Monde 2022 a eu la chance de rencontrer M. Khalil, PDG de l’entreprise, le 21 avril 2022 afin de recueillir plus d’informations sur les enjeux entourant le secteur des technologies et le recyclage des matériaux électroniques.

Le procédé 

L’exploitation minière traditionnelle permet de récolter environ 1 à 2 g d’or par tonne de minerais; par contre, l’exploitation minière urbaine, qui consiste à recycler les différentes parties de cartes électroniques, permet quant à elle de récupérer 200 à 250 g d’or par tonne de minerais! Malgré cet écart marqué, le recyclage de ces cartes est difficile et coûteux puisqu'elles sont constituées d’une variété de matériaux, en plus de produire beaucoup d' émanations toxiques en raison de la décomposition des plastiques mélangés à des retardateurs de flamme. Avec son nouveau procédé plus écologique et moins dispendieux, Pyrocycle vient remédier ces problèmes. 

Ce procédé se base sur une technologie de recyclage utilisant un pré-traitement mécanique ainsi qu'un traitement thermique à basse température en absence d'oxygène permettant de recycler plusieurs métaux précieux et même le plastique des circuits électroniques. Le taux de récupération en est grandement affecté : en comparant celui de Pyrocycle à ceux de géants de la récupération comme les fonderies qui utilisent des technologies causant plus d’émanations de gaz toxiques, il est possible de s’imaginer les bienfaits qu’auront ce projet une fois pleinement mis en marche.

L’entreprise a un modèle d’affaires proposant deux solutions découlant de l’économie circulaire : la première implique que des entreprises technologiques provenant, par exemple, des milieux des télécommunications, de l’aviation ou des transports mettent leurs déchets électroniques à la disposition de Pyrocycle. Pour la seconde, ce sont plutôt les centres de tri et de collecte qui vendent ces déchets à l’organisation. Le procédé de recyclage développé par Pyrocycle leur permet par la suite de revendre les matières premières récupérées de ces déchets électroniques.

Pyrocycle, qui a déjà reçu plusieurs prix de reconnaissance depuis qu’elle a vu le jour en 2016, a annoncé cette année la réussite des essais de son usine pilote située à Anjou, et a commencé à commercialiser ses produits. L'entreprise lève actuellement plus de fonds pour la mise à l'échelle de son procédé, tout en continuant à exploiter l’usine pilote à des fins de commercialisation, et pour tester diverses sources de matières premières reçues sur une base régulière. 

M. Khalil prévoit pour 2024 l’arrivée de cette nouvelle technologie à plus grande échelle. Ensuite, plusieurs opportunités d’expansion pourraient se présenter à l’entreprise, comme se rapprocher des centres de tri existants à l’aide d’usines pilote dans différentes régions afin de répandre le procédé. Ce faisant, il sera possible de prendre pleinement la mesure de l’impact que pourrait avoir cette innovation fascinante!

Radio-Canada (2 juillet 2020). Record de 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques en 2019, selon l’ONU. Récupéré sur https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1716920/dechet-electronique-onu-rapport-unu-telecommunication-electrique

Pyrocycle (2022). Récupéré sur https://www.pyrocycle.com/