Noémie Longpré | 10 février 2022
Avec de nombreux jeux connus comme Assassin’s Creed, Far Cry et Watch Dogs, Ubisoft se démarque dans l’univers des jeux vidéo. Avec plus de six espaces La Forge dans le monde, les espaces de prototypage et de recherche et développement d’Ubisoft incorporent les plus récentes découvertes techniques académiques aux jeux vidéo conçus. Depuis 2016, La Forge collabore avec une vingtaine d’universités dans le monde pour solidifier la place d’Ubisoft comme leader techno-créatif du milieu.
Le 10 février dernier, dans le cadre de la mission Poly-Monde 2022, les membres de l’équipe ont eu l’opportunité de rencontrer Yves Jacquier, le directeur exécutif de La Forge pour en apprendre plus sur les enjeux d’intégrer des technologies de pointe aux jeux vidéo.
Rester à l’avance de la courbe d’innovation
L’innovation et l’incorporation de technologies novatrices permettent à Ubisoft de se distinguer et d'avoir des jeux qui se situent dans les palmarès des meilleurs jeux vidéo. Pour ce faire, le type d’innovation priorisée à La Forge est l’innovation disruptive qui vise à transformer les méthodes pour bouleverser les “règles” de jeu déjà existantes. Ils osent utiliser des recettes inconnues pour obtenir des résultats audacieux. Pour obtenir ces nouvelles recettes, La Forge prend une initiative qui leur est unique : ils travaillent de connivence avec le milieu universitaire. Cette dynamique de collaboration est empreinte d’une ouverture à l’innovation commune et d'un désir d’innover ensemble pour faire émerger des technologies imprévisibles. Ceci bénéficie simultanément Ubisoft et les universités associées. L’écosystème d’innovation propre à La Forge naît d’un besoin de concilier les avancées pratiques du domaine des jeux vidéo avec celles théoriques du domaine universitaire. En captant ces innovations, Ubisoft récupère les idées qui sinon tomberaient dans ce que M. Jacquier nomme le « gouffre des bonnes idées ».
L'utilisateur, maître de la création
Afin d’optimiser toutes les facettes de la conception de jeux vidéo, La Forge mise également à innover dans les mesures de l’appréciation des utilisateurs. Ainsi, les chercheurs de l’espace de prototypage ont recours à de nouvelles méthodes dans le but d’écouter le joueur et d’adapter son expérience.
Avec des techniques empruntées aux domaines de la biologie, de la psychologie, de l’informatique, etc., les chercheurs de La Forge mesurent l’engagement du joueur : un système biométrique permet de quantifier la charge mentale du jeu et de la traduire en paramètres appréciables. L’oculométrie, soit la mesure de l’attention visuelle, permet d’évaluer la pertinence de certains éléments graphiques du jeu. Combiner ces techniques permet de quantifier une charge émotionnelle et d’identifier certains moments clés du jeu, des mesures que les méthodes traditionnelles d’observation et de sondage n’admettent pas.
Pour concurrencer les jeux de construction libre comme Roblox et Minecraft, Ubisoft investit également dans la recherche directement dans la création d’expérience par l’utilisateur pour lui permettre d’être maître du jeu sans pour autant compromettre la qualité ou la cohérence du jeu. Exceller dans le monde de création expérience est un défi de taille pour un studio comme Ubisoft qui offre des jeux AAA de haut niveau technique; certaines limites techniques compromettent la diversité du jeu pour plutôt prioriser la qualité et la cohérence. Par exemple, dans un jeu comme Assassin’s Creed, la taille et la richesse contiennent la variété de certains éléments donc certaines composantes telles que l’animation des personnages est simplifiée. Pour y remédier, La Forge emprunte certains concepts du monde universitaire pour repousser ces limites d’animation : l’utilisation des données crée du contenu d’animation qui s’adapte en temps réel pour s’ajuster au contexte et dès lors varier le style d’animation et l’intelligence artificielle est entraînée pour se déplacer comme un joueur le ferait naturellement. Ces avancées améliorent la robustesse des systèmes d’animation pour éventuellement permettre le « world-building ».
Propos recueillis par l’équipe de Poly-Monde lors de la visite virtuelle du 10 février 2022