Transport et mobilité urbaine

Ville de Montréal

Anta Samb | 17 mars 2021

Le 17 mars 2021, les membres de Poly-Monde ont eu l’occasion de rencontrer François Thibodeau, conseiller technique à la Ville de Montréal. En tant que consultant externe dans le domaine du transport et expert en intégration système, il a su nous éclairer sur les facteurs d’implémentation de nouvelles technologies, présenter la vision de la ville quant à celles-ci et démystifier l’organisation politique.

Un domaine à redéfinir

En matière de Transport & Mobilité, la Ville de Montréal est responsable de tout le mobilier urbain (feux de circulation, poteaux, etc.). Lié à cela, le rôle de monsieur Thibodeau est de planifier et développer une architecture urbaine et des technologies prometteuses pour les prochaines années alors que l’avenir est incertain. Il s’agit d’un défi de restructuration complète au niveau technique, mais aussi à l’échelle de l’organisation puisque c’est un domaine où les portfolios technologiques se complexifient et exigent de plus en plus une haute expertise. Afin d’y parvenir, il faut améliorer la structure organisationnelle des experts en gestion du transport afin qu’un dialogue continue s’installe entre les nouvelles entreprises, le gouvernement et les experts techniques pour une mobilité plus intelligente.

La question des données

Là où il est mention de technologie, la question de l’utilisation des données n’est jamais très loin. L’enjeu à Montréal est d’avoir accès à des données significatives permettant de comprendre les enjeux de mobilité et d’agir en temps réel. En ce sens, la Ville de Montréal doit composer avec de nouveaux enjeux d’anonymisation et de confidentialité qui n’existaient pas. Ici, une contradiction fondamentale est observée alors que d’un côté, les citoyens sont réticents à l’utilisation de certaines données par les institutions publiques au service de la société, mais partagent systématiquement des informations personnelles aux compagnies privées. La Ville de Montréal réussit tout de même à exploiter des données utiles à la mobilité en établissant un cadre administratif très strict.

Alors que l’émergence des startups offre un vaste de choix de partenariat dans la prise de données, la Ville de Montréal supporte une politique de données ouvertes par défaut et reste ainsi propriétaire de ses solutions. Cela représente un vecteur de transparence et de démocratisation de la connaissance qui a pour objectif d’encourager les initiatives de projets novateurs.

Québec & Singapour

Au cours de la discussion, nous avons eu la chance de relever les contrastes entre le gouvernement québécois et le gouvernement singapourien en ce qui a trait aux méthodes de gouvernance. Le système politique a d’ailleurs une influence considérable sur ceux qui participent au développement des infrastructures et de la technologie. Les échéanciers, l’ampleur des projets et les budgets accordés dépendent des politiciens et de l’opinion publique qui les appuie (ou pas). La périodicité des élections aux quatre ans est un défi avec lequel les ingénieurs travaillant au public doivent faire face. La seule manière de protéger un projet est donc de le présenter de telle manière qu’il soit suffisamment pertinent et résilient pour passer à travers un changement d’orientation politique.

Il a aussi été observé que la population réagit de manière fondamentalement différente aux changements selon les idéologies. Intrant décisif dans l’implantation de nouvelles technologies, l’acceptabilité de celles-ci et la pérennité des projets de développement, la dynamique sociale est une notion que nous aurons l’occasion d’approfondir dans l’étude des fondamentaux de notre rapport sur Taiwan et Singapour.


  • Propos recueillis par l’équipe de Poly-Monde lors de la visite virtuelle du 17 mars 2021