chapitre 04

agroalimentaire

Aicha Gansonre
Dylanne Sévigny
Jennifer Beaunègre

L’industrie agroalimentaire joue un rôle crucial dans l’économie mondiale en raison de son impact sur la sécurité alimentaire, l’emploi et la croissance économique. En effet, elle englobe toutes les activités impliquées dans la production, la transformation, la distribution et la vente de produits alimentaires. Elle représente une part importante du PIB de nombreux pays à travers le monde, ainsi que des emplois pour des millions de personnes.

Au Québec, l’industrie agroalimentaire génère près de 7,5 GCAD en revenus annuels et est un élément clé de l’économie (Genome, 2023). Les Québécois sont fiers de leur production alimentaire locale, et de plus en plus d’initiatives sont mises en place pour valoriser les produits du terroir. Ce phénomène est également observé en Europe centrale, où une production à plus petite échelle est privilégiée afin de garantir des aliments de haute qualité. Cependant, bien que le PIB du Québec se rapproche de celui de nombreux pays d’Europe centrale, la part de l’économie attribuée à la production agricole y est moins importante en raison de la diversité des industries et services présents dans cette région.

Mémoire de la collectivisation agricole

Texte DYLANNE SÉVIGNY, JENNIFER BEAUNÈGRE

À partir des années 1930, les pays communistes d’Europe centrale, sous l’influence de l’URSS, ont entrepris une transformation radicale du secteur agricole en imposant la collectivisation. Cette politique visait à remplacer les petites fermes familiales par des fermes collectives dotées de technologies modernes, dans le but d’accroître l’efficacité de la production alimentaire.

L’AGRICULTURE DE L’URSS

À l’époque, la production agricole de l’URSS ne suffisait pas à satisfaire les besoins de la population. De plus, pour acheter de nouvelles technologies ainsi que des produits chimiques, l’URSS avait besoin de devises étrangères, qu’elle pouvait obtenir en exportant des céréales. À ce moment, l’agriculture était considérée comme inefficace, même après les réformes de la Nouvelle politique économique (NEP), une politique économique mise en place en Union soviétique qui avait pour objectif de relancer l’économie à la suite de la guerre civile russe. (MoorHouse, 2023)

Pour remédier à ce problème, une solution radicale a été adoptée par le gouvernement stalinien : la collectivisation agricole. Cette politique consistait à remplacer les petites fermes familiales par de grandes fermes collectives dotées de technologies plus modernes, avec de grands champs où les cultures seraient semées, cultivées et récoltées à l’aide de machinerie agricole. Moins de travailleurs seraient nécessaires et la production de céréales serait accrue. 

LES CONSÉQUENCES DE LA COLLECTIVISATION

Cependant, cette politique n’a pas obtenu les résultats espérés. Une énorme famine a frappé les pays soviétiques, causant des millions de pertes humaines. Plus de deux millions de personnes sont mortes de faim en raison de la collectivisation qui a perturbé toutes les activités agricoles de ces régions. Malgré les mesures drastiques d’imposition mises en place sous l’ordre de Staline, de nombreux agriculteurs continuent à refuser de se soumettre à la collectivisation et, pour protester, commencent à abattre leurs animaux de ferme dans le but de ne pas les remettre à l’État. D’importantes pertes animales ont été recensées de 1929 à 1933. Le nombre de chevaux en Union soviétique est passé de 34 millions à environ 17 millions, celui des bovins de 68 millions à 38 millions, et celui des moutons et des chèvres a chuté de manière drastique, passant de 147 millions à seulement 50 millions. Pour éradiquer cette résistance, Staline instaure une campagne de terreur qui durera jusqu’à sa mort au début des années 1950. Cette campagne enverra environ cinq millions de koulaks dans les goulags (Rogoff, 2017). Dans les années 1930, l’offre de tracteurs ne compense plus la perte de la force animale, et les koulaks comprennent qu’ils sont désormais obligés de remettre la totalité de leur production à l’État, ce qui entraîne une baisse de la productivité (Merl, 2016). En 1934, les deux tiers des fermes étaient collectivisés et, en 1939, la quasi-totalité des exploitations avait été saisie par le gouvernement (MoorHouse, 2023).

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Définition

Les koulaks étaient des paysans riches qui exploitaient leur ferme avec des travailleurs salariés. Les autorités so- viétiques les ont considérés comme des ennemis de la col- lectivisation de l’agriculture et les ont persécutés, avec des arrestations, des déportations et la confiscation de leurs terres et de leurs biens, entraînant des famines et des pertes humaines considérables (Wikipédia, 2023).

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Sous le régime de Joseph Staline, président du conseil des ministres de l’URSS, le goulag a été établi en tant que système de camps de travail forcé. Environ 18 millions de personnes y ont été incarcérées de 1920 jusqu’à peu après la mort de Staline, en 1953 (Wikipédia, 2023). 

DUALISME AGRAIRE

La fin de la collectivisation agricole en Europe centrale a été motivée par divers facteurs, notamment les faibles rendements agricoles, les pénuries alimentaires, les pertes de production et les coûts élevés associés aux collectifs agricoles. De plus, les réformes économiques et politiques mises en place dans les pays d’Europe de l’Est à partir des années 1960 ont permis une certaine décentralisation et privatisation de l’agriculture. Les agriculteurs individuels ont commencé à être autorisés à louer ou à acheter des terres, à utiliser leur propre équipement et à vendre leurs produits sur les marchés locaux. Cette évolution a contribué à améliorer la productivité et à renforcer la sécurité alimentaire dans la région. Les [tableaux 4.1 et 4.2], démontrent la tendance vers un retour des exploitations privées. En effet, à la suite de la décollectivisation, le pourcentage de fermes privées dans la surface agricole utilisable (SAU) a augmenté tout autant que leur taille moyenne (Maurel, 1997). 

Tableau 4.1 : Part relative dans la SAU en %

Source : Maurel, 1997

Tableau 4.2 : Taille moyenne de l'exploitation (ha)

Source : Maurel, 1997

La privatisation des terres et des actifs agricoles dans les années 1991-1993 a entraîné une réduction des grandes exploitations collectives de travailleurs salariés et des fermes d’État, qui ont souvent été démantelées dans le cadre de la décollectivisation. En conséquence, elles ont été en partie remplacées par un grand nombre d’exploitations familiales, plus généralement individuelles, dont la plupart sont très petites. Aujourd’hui, ces deux types d’unités de production agricole, c’est-à-dire les fermes familiales et non familiales (coopératives), constituent la double structure des secteurs agricoles de ces régions (Maurel, 1997).

La Hongrie, la Tchéquie ainsi que la Slovaquie ont pu commencer à profiter de la Politique agricole commune (PAC) lors de leur entrée dans l’Union européenne. La PAC a pour but de soutenir les agriculteurs, améliorer la productivité, assurer un niveau de vie décent, lutter contre le changement climatique, préserver les zones rurales et promouvoir l’emploi dans les secteurs agricoles et agroalimentaires. Cependant, comme montré dans le [tableau 4.1] et le [tableau 4.2], les superficies des différents types d’exploitation varient de pays en pays, ce qui représente un défi pour une répartition juste de la PAC. Ce problème se traduit par un déséquilibre en faveur des grandes exploitations agricoles au détriment des petites et des exploitations familiales, entraînant une concentration croissante des terres et une vulnérabilité accrue des structures familiales. Le modèle agricole européen ne correspond pas à la réalité socio-économique des pays d’Europe centrale, où une forte hétérogénéité structurelle persiste (Maurel M-C., 2016).

La théorie des coûts de transaction postule que la production coopérative est justifiée par l’existence d’économies d’échelle, mais dans une grande partie de l’agriculture, les économies techniques d’échelle sont limitées et les coûts de transaction augmentent rapidement avec le nombre d’employés (Bourdeau, Bassin, 2011). Cela rend les exploitations familiales plus efficaces. Ainsi, lors de la privatisation, l’agriculture individuelle est devenue fondamentale et la restructuration des grandes exploitations est conforme aux principes d’une économie de marché. En l’absence d’un soutien gouvernemental continu, l’agriculture individuelle devrait remplacer plus ou moins spontanément l’agriculture collective.

Cependant, le dualisme structurel entre les grandes exploitations collectives et les exploitations familiales individuelles persiste, et les petites exploitations démontrent leur capacité à s’adapter à un environnement économique et politique en rapide évolution (Bourdeau, Bassin, 2011).

En résumé, la politique de collectivisation agricole dans les pays communistes d’Europe centrale a entraîné une famine dévastatrice et des pertes humaines considérables. Malgré la répression violente, les agriculteurs ont résisté et la politique a été remise en question en raison des faibles rendements, des pénuries alimentaires et des coûts élevés. Les réformes ultérieures ont conduit à la privatisation de l'agriculture dans les années 1960, donnant lieu à une double structure agricole composée d'exploitations familiales et de coopératives. Cette évolution témoigne de l'adaptation à un environnement en constante évolution. 

VB

Inflation et insécurité alimentaire

Texte JENNIFER BEAUNÈGRE, AICHA GANSONRE

L'Europe centrale est une région qui a connu de nombreux changements économiques et politiques ces dernières décennies, ce qui a eu un impact important sur l'industrie alimentaire. La concurrence accrue, les politiques agricoles strictes de l'UE et les défis liés à la sécurité alimentaire sont tous des problèmes auxquels l'industrie alimentaire de la région est confrontée. Cependant, des problèmes plus urgents tels que l'inflation et l'insécurité alimentaire ont également émergé ces dernières années. Plusieurs facteurs comme la pandémie de COVID-19, la transition économique difficile de la région depuis la chute du bloc soviétique et les tensions géopolitiques en Ukraine ont affecté la région. Ces différents éléments mettent en péril la stabilité économique et la sécurité alimentaire de leur population. Il est crucial de comprendre les origines de ces problèmes afin de trouver des solutions efficaces pour les atténuer et assurer un avenir durable pour ces pays d'Europe centrale. 

DEUX PROBLÈMES INCOHÉRENTS

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'insécurité alimentaire est définie comme le manque d'accès régulier à une nourriture suffisante, nutritive et sûre afin de répondre aux besoins alimentaires de base d'une personne et de maintenir une vie active et saine (Food and Agriculture Organization of the United Nations, 2023). Elle peut être causée par de nombreux facteurs, tels que la pauvreté, les conflits, les changements climatiques et les crises économiques. L'inflation peut contribuer à l'insécurité alimentaire en augmentant les prix des denrées alimentaires, ce qui peut rendre les aliments de base inaccessibles pour les personnes à faible revenu. Les populations vulnérables, telles que les personnes à faible revenu, les personnes âgées, les enfants et les personnes atteintes de maladies chroniques, sont particulièrement touchées par ce problème.

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Définition

Selon la FAO, la prévalence de la sous-alimentation (PoU) est une estimation de la proportion de la population qui souffre d’une grave carence alimentaire. Elle est obtenue à partir d’informations officielles à l’échelle nationale sur l’approvisionnement et la consommation alimentaires, et les besoins énergétiques (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 2023).

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La [figure 4.3] présente la prévalence de la sous- alimentation en Europe centrale et au Canada entre 2001 et 2019. La Slovaquie est le seul pays ayant subi de grandes fluctuations avec un taux supérieur à 6 % en 2001 et à 3 % en 2011. On peut remarquer que les autres pays d’Europe centrale ainsi que le Canada sont restés à un taux constant de 2,5 % (Our World in Data, 2023). 

Figure 4.3 : Prévalence de la sous-alimentation en Europe centrale et au Canada entre 2001 et 2019

Source : Our World in Data, 2023

LE COMMERCE DES PRODUITS DE LA TERRE AVANT LA TEMPÊTE

En remontant un peu dans le temps, on s’aperçoit que la Russie et l'Ukraine sont des exportateurs majeurs de blé en raison de leur riche héritage agricole. La Russie a une longue histoire d'agriculture céréalière, remontant à l'Antiquité. Au 18e siècle, son secteur agricole a aussi fait l’objet d’un vaste processus de modernisation. De même, l'Ukraine possède de vastes plaines fertiles qui ont soutenu une agriculture florissante pendant des siècles. Pendant l'ère soviétique, l'agriculture céréalière a été intensifiée dans les années 1930, ce qui a contribué à faire de la Russie et de l'Ukraine des exportateurs de blé de premier plan.

Aujourd'hui, ces deux pays sont parmi les plus grands exportateurs de céréales, en particulier de blé, de maïs et de soja. L'Ukraine est le quatrième exportateur mondial de maïs et le sixième exportateur mondial de blé, tandis que la Russie est le premier exportateur mondial de blé. Cependant, l'industrie agricole de la région a été bouleversée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a entraîné des répercussions sur les échanges commerciaux de la région. Les sanctions économiques imposées à la Russie ont affecté les exportations de produits agricoles, tandis que l'instabilité politique en Ukraine a entraîné une baisse de la production agricole. Les [figures 4.4 et 4.5] montre l'évolution des exportations agricoles de la Russie et de l'Ukraine. Bien que la Russie se concentre principalement sur l'exportation de blé et que l'Ukraine ait un mélange plus varié d'exportations agricoles, une tendance à la hausse depuis 2012 peut être observée (FAOSTAT, 2023).

Figure 4.4 : Exportations russes de blé, de maïs et de soja en tonnes de 2010 à 2022

Source : FAOSTAT, 2023

Figure 4.5 : Exportations ukrainiennes de blé, de maïs et de soja en tonnes de 2010 à 2022

Source : FAOSTAT, 2023

LES GRAINS AU GRÉ DU VENT

Encore une fois, il est évident que la guerre peut également avoir un impact important sur l'inflation des prix des grains et des oléagineux. Les conflits armés peuvent perturber les échanges commerciaux, endommager les infrastructures agricoles et perturber les récoltes, ce qui peut entraîner une augmentation des prix sur les marchés locaux et internationaux. Cela peut affecter la sécurité alimentaire, aggraver les inégalités sociales et avoir des conséquences économiques à long terme. En effet, les interruptions des exportations agricoles ukrainiennes ont affecté non seulement l’Europe, mais aussi le monde entier.

En comparant l’Europe orientale au Canada, la [figure 4.6] montre que la progression de l'inflation est similaire dans ces deux régions, bien que l'Europe centrale soit beaucoup plus touchée par l'inflation que le Canada. En 2015, le taux d'inflation des prix alimentaires au Canada était d'environ 4 %, tandis qu'il était d'environ 13 % en Europe centrale (FAOSTAT, 2023). 

Figure 4.6 : Évolution de l’inflation des prix de la nourriture au Canada et en Europe orientale

Source : FAOSTAT, 2023

La crise en Ukraine et les sanctions économiques imposées par l'UE à la Russie ont aussi créé des incertitudes quant à l'approvisionnement en céréales pour l'UE, mettant en lumière la nécessité d'une diversification des partenaires commerciaux. Cette interruption des échanges pourrait également bouleverser la hiérarchie des partenaires commerciaux de l'UE, poussant les pays membres à chercher de nouveaux débouchés pour leurs importations et exportations (Export Development Canada, 2023). 

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Définition

L'Europe orientale est composée de la Bulgarie, de la Croatie, de l’Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovénie, de la Slovaquie et de la Tchéquie. Toutefois, les données de l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ne distinguent pas l'Europe centrale de l’Europe orientale. Puisque trois des quatre pays étudiés figurent dans la catégorie de l’Europe orientale, les données présentées sont jugées représentatives de la situation en Europe centrale. (INSEE, 2023)

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Cette incertitude se fait déjà ressentir. Malgré sa position dominante sur le marché, l'Ukraine est dans une situation incertaine. Depuis le 15 avril 2023, la Pologne a cessé d'importer des aliments en provenance de l'Ukraine, y compris des céréales. Cette décision n'est pas passée inaperçue, car plusieurs pays d'Europe centrale, tels que la Hongrie et la Slovaquie, ont emboîté le pas. Ce mouvement peut être expliqué par la volonté de chaque pays de promouvoir et soutenir leurs agriculteurs locaux (The Economist, 2023).

En résumé, l’Europe centrale dispose d'un potentiel considérable pour surmonter ces défis. Dans cette optique, les instances gouvernementales devraient s'engager à mettre en place des solutions innovantes afin de soutenir la population de manière efficace durant cette période critique, et ainsi favoriser sa résilience. Face à des enjeux tels que l'inflation et la fragilité des relations internationales, la situation se révèle précaire. Cependant, il est important de mentionner que le monde est à présent dans l'ère de l'évolution technologique, notamment dans le secteur agricole. L'émergence de l'industrie 4.0, qui sera explorée plus en détail dans le prochain article, en est un exemple manifeste. 

VB

Agroécologie : l'Autriche, un modèle d'avancée

Texte AICHA GANSONRE, DYLANNE SÉVIGNY

L’agroécologie, une approche qui intègre des pratiques durables pour gérer les écosystèmes agricoles, est un sujet crucial pour l’avenir de la planète. Elle est étroitement liée à l’agroalimentaire, car elle permet de maximiser les rendements des récoltes utilisées comme matières premières dans l’industrie agroalimentaire, et de réduire les impacts négatifs, comme l’utilisation de pesticides, sur l’environnement, les communautés locales et la santé des consommateurs. Dans des pays comme le Canada et les destinations d’Europe centrale où l’agriculture est très importante, l’agroécologie est une pratique qui gagne en popularité en raison de la volonté de réduire les impacts négatifs d’une agriculture intensive. Le modèle autrichien est un exemple de réussite en matière d’agriculture écologique en Europe centrale. Il sera question dans cette section des raisons derrière cette avancée et des mesures prises par le gouvernement pour soutenir ce secteur, ainsi que des normes dans le secteur agroalimentaire en Europe centrale et au Canada. 

LES ORIGINES DE L’AGROÉCOLOGIE EN AUTRICHE

Les premières fermes biologiques en Europe ont vu le jour en 1927, il y après de 100 ans, dans l’État de Carinthia en Autriche. Ce pays a aussi été le premier à réguler ce secteur, et ce, au moins 10 ans avant l’UE. Malgré les restrictions sur l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides, l’Autriche atteint de très bons rendements en utilisant des méthodes telles que la rotation des cultures et en accordant une attention particulière au bien-être animal (Winter, 2022). Le gouvernement promeut et subventionne les fermes biologiques pour plusieurs raisons : la prise de conscience des effets néfastes des fermes traditionnelles sur l’environnement, l’échec des fermes traditionnelles de petite taille et, enfin, le besoin urgent de développer une stratégie de marketing efficace et une identité autrichienne distincte pour les produits agricoles dans le cadre d’un marché européen commun. Le gouvernement voulait créer une image d’Ecoland Austria, terre écologique autrichienne (Austrian Information, 2013). 

CONTEXTE ACTUEL DE L'AGROÉCOLOGIE EN AUTRICHE

Les consommateurs autrichiens sont attirés par la qualité des aliments biologiques et leurs bienfaits pour la santé. Ils sont également désireux de protéger l’environnement et d’entretenir le bien- être animal. De ce fait, les OGM ont généralement une image très négative auprès des Autrichiens. Les produits sans modifications génétiques, généralement les produits laitiers, le pain, la viande, les fruits et les légumes, sont étiquetés avec un label spécifique afin de permettre aux consommateurs de les identifier. La réputation défavorable de la biotechnologie crée un marché fort pour l’agriculture biologique et ses produits alimentaires dérivés (Trade, s.d.).

L’Autriche a connu une croissance importante du nombre d’exploitations agricoles biologiques au cours des dernières années (Winter, 2022). Cette tendance est le résultat d’un effort concerté de la part du gouvernement autrichien et des agriculteurs eux-mêmes pour adopter des pratiques agroécologiques. La [figure 4.7] montre clairement que l’Autriche possède la plus grande proportion de territoires agricoles biologiques parmi les pays à l’étude et qu’elle se classe en tête des pays de l’Union européenne. Ce graphique permet également de comparer différents pays qui sont soumis à des réglementations similaires sur la certification biologique dans l’Union européenne (Federal Ministry for Agriculture, Regions and Tourism, 2018).

Figure 4.7 : Part de fermes organiques dans les pays de l'Union Européenne en 2016

Source : Federal Ministry Republic of Austria for Agriculture, Regions and Tourism of Austria, 2018

ÉTAT DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE EN HONGRIE, EN TCHÉQUIE ET EN SLOVAQUIE

En Hongrie, l’agroécologie est encore en phase de démarrage. Il existe des initiatives et des projets visant à promouvoir des changements dans les pratiques agricoles et l’éducation, mais ces changements sont très lents (Moudrý et al., 2018). En Tchéquie et en Slovaquie, l’agroécologie a connu une croissance relativement importante, surtout après 1989. Entre les années 1950 et 1990, il y a eu des différences considérables entre les pays de l’Europe de l’Est. La collectivisation, la spécialisation et l’intensification de l’agriculture ont progressé le plus en Tchécoslovaquie et en Hongrie, où la recherche s’est principalement concentrée sur une augmentation de la production et où l’impact sur l’environnement a été plus prononcé que dans les autres pays du bloc de l’Est (Moudrý et al., 2018).

ANALYSE DES PRATIQUES AGROÉCOLOGIQUES EN AUTRICHE

Les pratiques agroécologiques en Autriche varient, mais ont toutes pour objectif de réduire l’impact environnemental de l’agriculture et d’améliorer la durabilité du secteur. Parmi ces pratiques, on retrouve l’utilisation de fertilisants naturels, la réduction de l’utilisation de pesticides, la promotion de la biodiversité et la rotation des cultures. Ces pratiques ont conduit à une réduction de la pollution des cours d’eau et des sols, ainsi qu’à une amélioration de la qualité des produits agricoles (Federal Ministry for Agriculture, Regions and Tourism, 2018).

L’Autriche a joué un rôle essentiel dans l’implantation des premières règlementations en matière d’agriculture biologique en 1983. Pour recevoir une certification biologique de l’Autriche ou de l’Union européenne, le produit doit être composé d’au moins 95 % d’ingrédients provenant de l’agriculture biologique (Vogl & Hess, 1999).

La [figure 4.8] présente l’évolution constante des aires agricoles en Autriche qui ont une certification biologique conforme à la législation de l’Union européenne (Statistics Austria, 2022).

Figure 4.8 : Évolution des aires agricoles biologiques en Autriche en 15 ans

Source : Federal Ministry for Agriculture, Statistics Austria, 2020

LES RÉSULTATS ET L'IMPACT DES PRATIQUES AGRO-ÉCOLOGIQUES EN AUTRICHE

L’adoption de pratiques agroécologiques en Autriche a eu un impact positif sur l’environnement et la société. En réduisant l’utilisation de fertilisants chimiques et de pesticides, la pollution de l’eau et des sols a diminué. Le [figure 4.9] permet de mesurer la quantité de nutriments dans les fertilisants utilisés en Autriche, ce qui constitue un bon indicateur de l’adoption de pratiques agroécologiques. Il faut noter que les nutriments polluent les terres agricoles et détériorent la qualité de l’eau. Le problème a été soulevé plus particulièrement pour des nutriments comme le phosphore et le nitrate en Autriche dans le bassin du Danube (Schönhart et al., 2018) qui est l’un des cours d’eau les plus importants de la région. La réduction de leur utilisation montre l’efficacité des politiques de valorisation agroécologiques. 

Figure 4.9 : Évolution de la consommation d'engrais potassium et phosphate en Autriche en tonnes

Source : Federal Ministry for Agriculture of Austria, s.d; FAO, s.d.

L'ÉTAT DE L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE AU CANADA

L’agriculture biologique au Canada est apparue dans les années 1950, mais ne s’est réellement étendue qu’à partir des années 1990 et 2000. Il y a eu une augmentation du nombre de fermes biologiques au Canada pendant les 15 dernières années, passant de 2 230 à 4 289. Le Canada se positionne au 11e rang mondial en matière de surfaces consacrées à l’agriculture biologique, derrière la France. L’impact environnemental de l’agriculture biologique au Canada démontre que la réduction de l’utilisation de pesticides augmente l’activité microbienne dans le sol et améliore sa fertilité. Cependant, les rendements de l’agriculture biologique seraient de 8 % à 25 % inférieurs à ceux de l’agriculture traditionnelle, ce qui pourrait augmenter le nombre de terres utilisées, augmentant l’empreinte environnementale (Parlement du Canada, 2020).

Pour exporter ses produits agricoles dans l’Union européenne et se conformer aux exigences européennes, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a adopté le Règlement sur les produits biologiques ainsi que le label Biologique Canada (CBC News, 2011).

COMPARAISON DES NORMES ALIMENTAIRES ENTRE L'EUROPE CENTRALE ET LE CANADA

Les normes dans le secteur agroalimentaire en Europe centrale sont régies par la législation de l’Union européenne, qui impose des exigences strictes en matière de qualité, de sécurité et d’étiquetage des aliments. Les produits biologiques doivent répondre à des critères spécifiques pour obtenir la certification biologique européenne (Eur-Lex, 2022).

Au Canada, ces normes sont régies par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et Santé Canada (Government of Canada, 2011). Bien que les normes canadiennes soient strictes, il existe des différences dans certaines réglementations, notamment en ce qui concerne l’approbation de certains pesticides et organismes génétiquement modifiés (OGM) qui ne sont pas autorisés dans l’Union européenne (CETA, 2016).

De plus, le Canada possède son propre système de certification des produits biologiques, le logo Biologique Canada. Toutefois, un accord d’équivalence a été signé entre l’Union européenne et le Canada, permettant la reconnaissance mutuelle des certifications biologiques (Government of Canada, 2012).

La [figure 4.10] compare l’évolution de l’utilisation de nutriments dans les engrais au Canada et en Autriche. Les tendances ne sont pas les mêmes ; leur utilisation diminue en Autriche, alors qu’elle augmente au Canada. La réglementation moins stricte du Canada expliquerait l’utilisation accrue de fertilisants dans le pays (FAO, s.d.).

Figure 4.10 : Comparaison de l'évolution de la consommation d'engrais potassium au Canada et en Autriche en tonnes

Source : Federal Ministry for Agriculture, FAO, s.d.

conclusion

L’Autriche est reconnue pour son engagement envers l’agroécologie et l’agriculture biologique, grâce à des politiques ambitieuses et à une forte adhésion des consommateurs. Au Canada et en Europe centrale, l’agroécologie est en progression, avec des dynamiques différentes. L’expérience autrichienne peut inspirer d’autres pays cherchant à développer des pratiques agricoles durables. Cependant, chaque pays a ses propres défis et opportunités, nécessitant des approches adaptées. Un aperçu des différences en ce qui a trait aux habitudes alimentaires pourrait permettre de comprendre les différentes tendances.

VB

Mutation des habitudes alimentaires

Texte JENNIFER BEAUNÈGRE, AICHA GANSONRE

Les habitudes alimentaires varient considérablement d’un pays à l’autre, reflétant la diversité culturelle, économique et environnementale des régions. Les industries agroalimentaires s’adaptent aux préférences des populations afin de répondre aux demandes et anticiper les besoins pour rester compétitives. Les habitudes alimentaires des pays visités ainsi que leur influence sur l’émergence de nouvelles industries agroalimentaires sont des points intéressants à approfondir.

CONSOMMATION DE VIANDE: UNE HABITUDE EN RÉGRESSION

La consommation de viande est une caractéristique marquante des habitudes alimentaires en Europe centrale. Historiquement, la viande a occupé une place centrale dans la cuisine de cette région, en particulier le porc, le bœuf et la volaille. La [figure 4.11] montre que la consommation de viande (poisson, viande rouge et volaille) par habitant est plus élevée et plus diversifiée au Canada que dans les pays d’Europe centrale. Cependant, la quantité de viande rouge consommée par habitant est plus élevée en Europe centrale.

Figure 4.11 : Consommation de viande et type de viande dans le monde en kg/habitant

Source : Our world in data, 2020

Il est important de noter que la consommation de viande rouge peut entraîner des conséquences sur l’environnement et la santé publique. L’élevage intensif et la production de viande sont responsables d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre (GES), de la déforestation et de la pollution de l’eau. La [figure 4.12] montre l’importante quantité de GES émise par chaque kilogramme de viande produite.

Figure 4.12 : Quantité de GES émise par kilogramme de viande produite, selon le type de viande

Source : Ritchie & Roser, 2022

La Slovaquie, la Hongrie et la Tchéquie ont connu une diminution significative de leur production de viande rouge au fil des années, contrairement au Canada et à l’Autriche, comme on peut le constater dans la [figure 4.13] (Ritchie & Roser, 2017). 

Figure 4.13 : Production de viande en Europe Centrale et au Canada de 1993 à nos jours

Source : Our world in data, 2020

Les causes pourraient être différentes selon les pays. En liant la production à la consommation, en Autriche et au Canada, la consommation diminue pendant que la production augmente ce qui signifie que les exportations sont probablement la cause d’une augmentation de la production. En Hongrie, la consommation a diminué, ce qui suit également la réduction observée au niveau de la production. En Tchéquie et en Slovaquie, elle a augmenté pendant que la production a baissé ce qui pourrait également signifier que c’est un marché de plus en plus dominé par les importations.

ALTERNATIVES VÉGÉTALIENNES

Face aux défis environnementaux, de plus en plus de personnes cherchent des alternatives alimentaires durables et saines. Le végétalisme, qui exclut tous les produits d’origine animale, est une tendance en pleine croissance dans de nombreux pays, y compris dans les pays d’Europe centrale et au Canada. L’alimentation végétalienne est riche en fruits, en légumes, en céréales complètes, en légumineuses, en noix et en graines. En Tchéquie, en Slovaquie et en Hongrie, moins de 4 % de la population aurait une alimentation à base de plantes, contre 6 % en Autriche en 2022 (Kafkadesk Kraków, 2022). Au Canada, plus précisément au Québec, ce nombre était estimé à 6,6 % en 2018 (Statista, 2018).


Les entreprises sont de plus en plus attentives aux besoins des consommateurs en matière de durabilité, de santé et de bien-être animal. En conséquence, elles investissent dans la recherche et le développement de produits innovants qui répondent à ces préoccupations. Les substituts de viande à base de plantes, qui imitent la texture, la saveur et la valeur nutritionnelle de la viande tout en ayant une empreinte écologique réduite, figurent parmi les innovations notables. Des entreprises comme Beyond Meat et Impossible Foods ont connu un succès considérable avec leurs burgers végétaux, et d’autres acteurs de l’industrie agroalimentaire, tant en Europe centrale qu’au Canada, suivent ces tendances (Capritto, 2019).

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La visite industrielle

Lors de la visite chez Laporte Expert Conseils, plusieurs projets d’alternatives aux protéines animales ont été présentés. Cette entreprise détient la plus grande usine mondiale de pois, où elle produit des protéines végétales à base de légumineuses. Grâce à l’utilisation de divers procédés biotechniques tout au long de sa chaîne de production, elle est en mesure de proposer des produits hypoallergéniques aux consommateurs.

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CONCLUSION

Les habitudes alimentaires évoluent, avec une tendance marquée vers une réduction de la consommation de viande et une demande croissante d’alternatives végétales durables. Pour répondre à cette évolution, les industries agroalimentaires en Europe centrale et au Canada investissent dans la recherche et le développement de produits innovants, tels que les substituts de viande à base de plantes. Cette transition témoigne d’une prise de conscience croissante, chez les consommateurs, de l’importance de la durabilité environnementale et de la santé et du bien-être animal.

VB

Émergence d’une transformation agricole (industrie 4.0)

Texte AICHA GANSONRE, DYLANNE SÉVIGNY

Aujourd’hui, les grandes exploitations agricoles ont recours à des innovations technologiques pour améliorer leur productivité et leur efficacité. Ces avancées technologiques ont permis de mettre en place des systèmes de surveillance et de suivi en temps réel, ce qui permet aux agriculteurs de prendre des décisions éclairées et rapides pour protéger la santé de leurs animaux et optimiser leur rendement.

LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE DE L'AGROALIMENTAIRE : LES IMPLICATIONS DE L'INDUSTRIE 4.0 

L’agriculture de précision est une approche de plus en plus importante pour améliorer la qualité et la productivité des sols. Elle permet aux exploitations agricoles d’optimiser leurs efforts et leurs ressources, de réduire la consommation et le gaspillage, d’augmenter la productivité des sols et de rendre le travail plus rentable. Les outils pour l’agriculture de précision sont nombreux, et les solutions sont en constante évolution (McCormick, 2021).

La transformation numérique se traduit par de nouvelles technologies qui permettent d’optimiser le travail agricole actuel. La gestion du bétail à grande échelle, qui implique souvent de confiner les animaux dans des espaces restreints, a permis de mettre au point des systèmes de traitement automatisés permettant aux animaux de se déplacer plus facilement. Des capteurs environnementaux pourraient également déclencher des ajustements automatiques de la ventilation ou du chauffage dans les étables, réduisant ainsi la détresse des animaux et améliorant leurs conditions de vie (Geodde et al., 2020).

Enfin, les nouvelles technologies pourraient favoriser le déploiement de machines agricoles intelligentes et autonomes. Les agriculteurs pourraient utiliser simultanément et sans intervention humaine toute une série d’équipements dans leurs champs, ce qui leur permettrait de gagner du temps, d’économiser d’autres ressources et de générer de la valeur (Geodde et al., 2020).

Une étude menée en Hongrie a révélé une association entre le niveau d’éducation des agriculteurs, la taille de leurs exploitations et leur propension à innover. Les résultats ont montré que les agriculteurs possédant de grandes exploitations ont tendance à être plus enclins à l’innovation et ont généralement un niveau d’éducation supérieur à la moyenne. Ceux qui gèrent des exploitations de taille moyenne sont les plus enclins à innover et occupent la deuxième position quant au niveau d’éducation (Balogh et al., 2021).

Une autre étude concerne l’adoption de l’agriculture de précision (AP) et son impact sur les exploitations agricoles en Hongrie. L’AP peut potentiellement augmenter les rendements et la rentabilité, mais ce n’est pas toujours le cas en raison de nombreux facteurs complexes. Les fermes utilisant l’AP depuis au moins trois ans ont confirmé une augmentation significative de la rentabilité. Cependant, les coûts élevés d’investissement et le manque de financement approprié constituent des obstacles majeurs à son adoption. Les aides et les subventions sont donc essentielles. Cette étude note aussi que la Hongrie a été l’un des premiers pays à établir une stratégie nationale d’agriculture numérique, mettant en avant l’importance de l’AP dans le développement agricole durable (Katalin György et al., 2018).

Au Canada, selon une étude réalisée en Ontario, l’utilisation de technologies d’information géographique a augmenté entre 2017 et 2019. Les résultats montrent que pour augmenter l’adoption de technologies de précision en agriculture, il est important de surmonter les barrières, notamment en réduisant les coûts et en démontrant la valeur ajoutée. Les technologies d’information géographique sont les plus couramment adoptées, suivies par les technologies de taux variables, dont l’adoption est similaire à celle des technologies agricoles mécanisées. L’adoption de ces technologies dépend également de la coordination entre les équipementiers, les agronomes, les fournisseurs d’intrants et les agriculteurs. La coordination est plus facile dans l’est du Canada, où de nombreux intrants sont utilisés par les agrodistributeurs (Mitchell et al., 2020).

IMPLANTATION EN EUROPE CENTRALE

L’implantation de l’industrie 4.0 dans le secteur agricole de l’Europe centrale offre plusieurs avantages et opportunités pour les producteurs agricoles de la région. En effet, l’utilisation de technologies de pointe telles que l’Internet des objets, l’intelligence artificielle et l’analyse des données peut aider les agriculteurs à améliorer la qualité de leurs cultures, à augmenter leur productivité et à réduire les coûts.

L’un des principaux avantages de l’implantation de l’industrie 4.0 dans l’agriculture est l’amélioration de la gestion des cultures. Les données collectées peuvent être analysées pour aider les agriculteurs à prendre des décisions éclairées en matière de sélection des cultures, de fertilisation et de traitement. L’optimisation de la gestion des stocks et de la chaîne d’approvisionnement est aussi un gros avantage. Une optimisation de la gestion va permettre le partage des données avec les partenaires de la chaîne d’approvisionnement, ce qui permet une collaboration plus efficace et une meilleure coordination.

Enfin, l’implantation de l’industrie 4.0 dans l’agriculture peut aider à améliorer la durabilité et la rentabilité des exploitations agricoles. Les systèmes de surveillance peuvent aider à prévenir les pertes de récoltes et à diminuer l’utilisation d’eau et de pesticides, ce qui réduit les coûts et l’impact environnemental de l’agriculture. De plus, l’analyse des données peut aider les agriculteurs à identifier les opportunités de diversification et de commercialisation de leurs produits, ce qui peut contribuer à augmenter les revenus. 

RÉSISTANCE FACE AU CHANGEMENT 

Malgré tous ces avantages, une certaine réticence peut être observée. L’introduction de l’industrie 4.0 est perçue de manière mitigée en raison de l’utilisation de méthodes agricoles traditionnelles depuis longtemps dans la région. Les agriculteurs et les communautés agricoles peuvent être sceptiques quant aux avantages que la technologie pourrait offrir, car ils ont développé des méthodes et des connaissances transmises de génération en génération. Il est donc important de fournir des ressources et des formations aux agriculteurs pour les aider à adopter ces technologies, et de tenir compte des considérations culturelles et sociales pour garantir une intégration appropriée et durable dans les communautés agricoles existantes. Les gouvernements et les entreprises peuvent collaborer pour élaborer des plans de formation et de soutien afin d’assurer une adoption responsable et efficace de ces nouvelles technologies (Balogh et al., 2021). 

CONCLUSION

Les études présentées démontrent l’importance et le potentiel de l’innovation technologique dans l’agriculture. Elles mettent également en lumière la persistance de certains défis, notamment la perception défavorable envers l’utilité socio- économique de certaines innovations et l’isolement organisationnel qui entrave la diffusion des connaissances. Une formation adéquate et une prise en compte des considérations culturelles et sociales sont essentielles pour promouvoir une transformation numérique réussie dans le secteur agricole. 

VB

Synthèse

L'ouverture des marchés après la chute du Bloc a été différenciée selon les choix des gouvernements et les politiques de privatisation. Cette transition a fortement affecté les économies des pays à l’étude, entraînant une baisse de la croissance du PIB, une inflation et un taux de chômage élevé en raison de la perte de compétitivité des anciennes industries socialistes. Cette transition vers l’économie de marché a également ouvert la porte aux IDE. Il s'ensuit que chaque pays présenté précédemment partage des similitudes au niveau géographique, économique, politique, mais se démarque l’un par rapport à l’autre d’une certaine façon. De profondes analyses doivent être faites pour justifier un investissement à l’étranger, car il existe une multitude de facteurs à considérer qui dépendent des stratégies d’investissement et des priorités du Canada. Ensuite, pour revenir à l’actualité, l’invasion de l’Ukraine en 2022 a eu un impact considérable sur les perspectives économiques d’Europe à court et à long terme affectant les activités à travers différents canaux, tels que les marchés des produits de base. Les pressions inflationnistes résultant de la hausse des prix des produits de base peuvent accélérer le resserrement de la politique monétaire et accroître le risque de stagflation. Présentement, au Canada, la situation inflationniste semble vouloir se normaliser en 2024, ce qui ne s’applique pas aux pays étudiés de l’Europe centrale. Les différents gouvernements respectifs doivent mettre en place des mesures adéquates non seulement pour contrôler l'inflation, mais aussi éviter une récession prolongée. Finalement, les quatre pays à l’étude possèdent une dynamique économique distinctive, où la collaboration se présente dans les domaines de l’infrastructure, de l’éducation, de la culture et la mobilité et la compétition résulte de la similitude des secteurs industriels, créant un climat économique complexe. Malgré la compétition, ils collaborent dans les domaines de l'infrastructure, de l'éducation, de la culture et de la mobilité en partageant une proximité géographique et des caractéristiques culturelles similaires.