Walid Chaib Cherif-Baza
Félix Chouinard
Mélina Gauthier
Léa Tamari

ÉCONOMIE

Le Grand Confinement
La locomotive économique américaine
À la recherche de talents, mais à quel prix?
L'herbe est toujours plus verte ailleurs
Une entente conjointe pour une planète à bout de souffle

Quiconque espérait voir les économies canadienne et américaine revenir à la normale en 2022, après deux années de bouleversements dus à la pandémie de COVID-19, a été cruellement déçu. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement, la guerre en Ukraine, l’inflation élevée et la hausse des taux d’intérêt font craindre qu’une récession soit sur le pas de la porte. Qui plus est, la pandémie a entraîné des phénomènes que les entreprises n’étaient pas prêtes à affronter : la pénurie de main d'œuvre et le travail à distance.

La nécessité de répondre à ces défis d’actualité, la crise sanitaire, ainsi que le climat d’insécurité qui règne en Europe de l’Est, sont autant d’événements qui semblent avoir détourné les États d’un enjeu pourtant pressant : la crise climatique. Le dernier accord international date de 2015, une éternité pour une problématique qui ne cesse d’empirer année après année. Les États ne peuvent se permettre de continuer à l’ignorer et ils se doivent de travailler de concert en vue de mitiger ses effets, à l’image de la Californie et du Québec.

Le Grand Confinement

Léa Tamari et Mélina Gauthier

Depuis 2020, le monde entier vit une crise économique et financière, qui, selon les spécialistes, serait probablement la plus importante depuis la Grande Dépression des années 1930 (IMF, 2020). En cette fin de pandémie de COVID-19, la réponse économique à la récession de 2020 est assez surprenante.

Certains pays sont en effet tombés dans un fossé, tandis que d’autres sont en meilleure position qu’avant. En analysant le cas des États-Unis et du Canada, il est possible d’en conclure que ces pays s’en sortent plutôt bien. En effet, le Canada et les États-Unis se retrouvent dans le top 5 des pays dont l’économie a le mieux performé durant la pandémie (The Economist, 2022).

L'ÉCONOMIE EN PÉRIL

La pandémie de COVID-19 est un phénomène mondial sans précédent qui a entraîné, en 2020, des répercussions négatives sur la croissance économique mondiale au-delà de tout ce qui a été vécu depuis près d’un siècle. Cette crise économique qui frappe les différents pays est inédite puisqu’elle a un caractère mondial et généralisé. Des estimations indiquent que la pandémie a entraîné, en 2020, une réduction de la production économique de 3,2 % (Jackson, 2021). En plus de ce caractère international, la principale cause de la crise de 2020 provient d’un facteur exogène à l’économie. En d’autres termes, le déséquilibre ne résulte pas d’un dysfonctionnement du système économique, comme celui observé lors de la crise financière de 2008, mais plutôt d’un événement externe qui a fait en sorte que les gouvernements ont dû imposer des contraintes sanitaires qui ont ralenti les secteurs économiques.

AU LENDEMAIN DE LA CRISE ÉCONOMIQUE

Encore aujourd’hui, les conséquences économiques de cette crise continuent de se faire sentir. En effet, la durée prolongée de la crise sanitaire a affecté les différentes économies mondiales et les répercussions pourraient être durables et profondes.

Plus que tout autre ralentissement économique antérieur, la récession associée à la COVID-19 a ralenti certaines industries, comme celle du tourisme, tout en laissant certains secteurs relativement indemnes. C’est le cas notamment du secteur des technologies (Klein & Smith, 2021). Ainsi, alors que la COVID-19 a fait des ravages dans les industries qui dépendent des contacts en personne, les restrictions de distanciation ont entraîné une forte augmentation de l’utilisation de la technologie pour le travail à distance et les transactions commerciales. Des villes comme Seattle et San Francisco, qui se spécialisent dans la technologie, ont alors été davantage épargnées des impacts de la pandémie, particulièrement en comparaison à Las Vegas ou à Orlando qui, par exemple, dépendent beaucoup plus du tourisme.

Dans l’ensemble, le centre de gravité de l’économie américaine s’est déplacé vers l’ouest durant la pandémie. L’explication la plus plausible est que l’Ouest américain est un territoire particulièrement caractérisé par l’industrie technologique et qu’il s’agit là d’un domaine qui a explosé durant la pandémie (Klein & Smith, 2021). En effet, l’augmentation du PIB réel générée par le secteur des technologies de l’information et des communications s’est avérée bien supérieure au PIB de la région, compensant ainsi les pertes significatives enregistrées dans les autres domaines, comme les arts et le divertissement ou le tourisme (Klein & Smith, 2021).

DE NOUVEAUX RECORDS POUR L'INFLATION

En regardant la figure 3.1.1, il est possible d’observer que le taux d’inflation actuel dépasse la fourchette du 1 % à 3 % visée par les gouvernements. Pour la première fois depuis 1991, le taux d’inflation canadien a dépassé, en avril 2022, la barre du 6 %, tandis que le taux américain dépassait le précédent record de 1981 en atteignant 8 %. La pandémie est certes l’une des causes de cette situation. Il est par ailleurs intéressant de remarquer que malgré de petites différences, les taux canadien et américain se suivent de près puisque les deux pays ont des politiques économiques semblables.

Figure 3.1.1 - Taux d’inflation calculé selon l’indice des prix à la consommation

Sources : Gouvernement du Québec, 2022; Statistique Canada, 2022; U.S. Bureau of Labor Statistics, 2022

L’indice des prix à la consommation

Pour bien comprendre ce qu’est le taux d’inflation, il est important de s’intéresser à l’indice des prix à la consommation (IPC) et à la vitesse à laquelle il augmente. L’IPC est un outil utilisé par la Banque du Canada afin d’établir la cible d’inflation. Cet indice permet de mesurer l’évolution des dépenses d’une famille canadienne moyenne au fil des années. Afin de mesurer l’IPC, le coût d’un panier virtuel d’environ 700 biens et services sera calculé chaque mois et la variation mensuelle des prix sera notée. L’inflation est donc mesurée en comparant le pourcentage de variation de l’IPC entre un mois donné avec celui du même mois, mais de l’année précédente.

L’inflation

Selon la Banque du Canada (2020), l’inflation réfère à « une hausse persistante du niveau moyen des prix au fil du temps ». Le taux d’inflation est donc influencé par le phénomène de l’offre et de la demande. Lorsque les prix ont tendance à grimper, c’est parce que la demande de biens et de services est plus grande que ce que le marché offre. À l’inverse, la déflation se produit lorsque la demande des consommateurs est plus faible que l’offre du marché et que les prix baissent en conséquence. Un faible taux d’inflation a donc plusieurs avantages. En effet, lorsque ce taux est peu élevé, stable et prévisible, cela veut dire que l’économie et les finances personnelles des ménages roulent bien.

Les gouvernements canadiens et américains ont décidé de mettre en place des stratégies afin de réagir à cette situation, et ce, à cause de l’augmentation du taux de chômage en Amérique du Nord en début de pandémie (The Economist, 2022). Les deux gouvernements ont convenu d’attribuer des prestations de soutien afin d’aider les ménages qui, durant la pandémie, ont rencontré des difficultés financières. Le PIB par habitant a en effet commencé à chuter avec le début de la pandémie de COVID-19 durant l’année 2020 (Figure 3.1.2).

Figure 3.1.2 - PIB par habitant en dollars constants

 Source : Perspective Monde, 2022

Un autre défi économique important est celui de la dette publique. Une grande augmentation de la dette publique peut être désavantageuse pour les contribuables. En effet, cette augmentation peut faire en sorte qu’il y ait une hausse des taxes et des coupures de dépenses. Le Canada et les États-Unis font partie de la liste des pays ayant accumulé les plus grosses dettes durant la pandémie (The Economist, 2022). Malgré l’arrivée prochaine de nouveaux variants de la COVID-19, les experts pensent que l’économie sera en mesure de se remettre sur pied au cours des prochaines années.

LA SURCHAUFFE DU MARCHÉ IMMOBILIER

Tout juste avant la pandémie, le marché immobilier en Amérique du Nord était déjà considéré en surchauffe, alors que le prix des propriétés et le nombre de ventes étaient à la hausse. La pandémie n’a fait qu’exacerber cette situation. En effet, une accélération de la hausse des prix de vente et une diminution des délais de vente ont été observées, en plus d’un accroissement de surenchères. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le phénomène immobilier des dernières années. L’exode vers les régions, causé par l’arrivée du télétravail, par exemple, a créé un débalancement entre l’offre et la demande. La diminution du taux directeur et par conséquent, des taux d’intérêt, de même que l’accès facilité au marché immobilier par l’intermédiaire du développement de la technologie sont aussi des facteurs qui expliquent la surchauffe du marché immobilier. À titre d’exemple, entre 2013 et 2022, le prix moyen d’une habitation a augmenté de 33,9 % dans l’État de l’Oregon et de 41,9 % dans l’État de Washington (Figure 3.1.3) (Zillow, 2022).

Figure 3.1.3 - Évolution du prix moyen d’une habitation

 Source : Zillow, 2022

Un autre défi économique important est celui de la dette publique. Une grande augmentation de la dette publique peut être désavantageuse pour les contribuables. En effet, cette augmentation peut faire en sorte qu’il y ait une hausse des taxes et des coupures de dépenses. Le Canada et les États-Unis font partie de la liste des pays ayant accumulé les plus grosses dettes durant la pandémie (The Economist, 2022). Malgré l’arrivée prochaine de nouveaux variants de la COVID-19, les experts pensent que l’économie sera en mesure de se remettre sur pied au cours des prochaines années.

LA SURCHAUFFE DU MARCHÉ IMMOBILIER

En résumé, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont été en mesure d’établir des politiques qui ont fait en sorte que les économies de ces pays résistent, jusqu’à ce jour, à l’une des crises économiques les plus sévères vécues. Avec un taux d’inflation atteignant des records, un taux de chômage très élevé et des dettes publiques parmi les plus lourdes au monde, le Canada et les États-Unis ont mis en place des stratégies, dont l’attribution de prestations, afin d’aider les ménages. Ces deux pays ont réagi rapidement quant à leur économie, mais il ne faut pas oublier que les conséquences de la crise de la COVID-19 n’ont pas fini de se faire ressentir.

A. Kato

La locomotive économique américaine

Mélina Gauthier et Léa Tamari

La côte ouest nord-américaine présente une richesse considérable qui se démarque par rapport au reste du Canada et des États-Unis.

Les grandes villes telles que San Francisco, Portland, Seattle et Vancouver sont caractérisées par des grappes d’entreprises qui soutiennent une activité économique significative et qui représentent des modèles pour plusieurs autres territoires à l’échelle mondiale.

LA RICHESSE DE LA CÔTE OUEST

Les États-Unis occupent la première position du classement des pays selon la taille de leur économie, alors qu’ils présentent un PIB nominal qui s’élève à 26 326 milliards de dollars canadiens (Federal Reserve Bank of St. Louis, 2022). À elle seule, la côte ouest américaine, qui regroupe les États de Washington, de l’Oregon et de la Californie, représente 18 % du PIB nominal du pays (Federal Reserve Bank of St. Louis, 2022). Ainsi, si la côte ouest américaine était un pays indépendant, elle serait considérée comme la quatrième puissance économique mondiale, devançant significativement le Canada qui présente un PIB de 1 884 milliards de dollars canadiens (La Banque mondiale, 2020). Puis, bien que la côte ouest abrite 16 % de la population américaine, elle a contribué à 19 % de la croissance des emplois dans le pays entre 2017 et 2022. Les données démontrent la force de l’économie de la côte ouest, qui abrite plus de 50 millions d’habitants, des secteurs technologiques florissants, comme la Silicon Valley, la capitale mondiale du divertissement, ainsi qu’une expertise agricole.

LES MOTEURS DE L'ÉCONOMIE: LES AGGLOMÉRATIONS TECHNOLOGIQUES

Il y a un avantage économique à ce que des entreprises produisant des biens similaires soient situées à proximité les unes des autres, formant des agglomérations technologiques (Klein & Smith, 2021). Un exemple de développement économique régional réussi et célèbre est la Silicon Valley californienne. Au cours des 20 dernières années, la Silicon Valley, région englobant la partie nord de la vallée de Santa Clara et les localités du sud de la péninsule de San Francisco et du sud-est de la baie, a bénéficié d’une suite d’avantages. La primauté américaine, l’omniprésence du capital bon marché, l’émergence des technologies de l’information et des communications et l’environnement réglementaire sont des facteurs qui ont contribué à la création d’une concentration historique de richesse et de pouvoir (Gavet, 2020).

Depuis, les agglomérations technologiques ne se limitent plus à la région de la baie de San Francisco. On peut penser, entre autres, à la Silicon Forest, dans la région de Portland ou à la Silicon Valley du Nord qui concerne le Canada. Une nouvelle initiative, le Cascadia Innovation Corridor, a également été créée au cours des dernières années dans le but de regrouper les ressources des régions de Vancouver, Seattle et Portland afin de leur permettre de devenir une zone économique innovante. Afin de mesurer le niveau de la technologie d’un marché et son potentiel de croissance, la concentration des talents technologiques, soit le pourcentage de l’emploi total, est utilisée. La figure 3.2.1 montre les dix villes avec la plus grande croissance des marchés technologiques en Amérique du Nord, entre 2015 et 2020, à travers le pourcentage d’emploi total. On y constate que plusieurs de ces villes sont situées sur la côte ouest nord-américaine.

Figure 3.2.1 - Croissance des marchés technologiques entre 2015 et 2020

 Source : CBRE Research, 2021

Non seulement le Canada parvient-il à se distinguer parmi de grandes villes de la côte ouest américaine, mais il domine également le classement des agglomérations technologiques émergentes (Tableau 3.2.1). En fait, le Canada détient un nombre limité de communautés qui offrent l’environnement idéal pour ces types d’agglomérations. Ainsi, les entreprises technologiques ont tendance à se rassembler dans ces régions, alors qu’aux États-Unis, les entreprises sont davantage réparties, considérant le nombre plus élevé d’options.

Tableau 3.2.1 - Quotient de localisation des agglomérations technologiques

 Source : Waterloo EDC, 2021

Le quotient de localisation

Le quotient de localisation (QL) est un indicateur de concentration qui peut être utilisé pour mesurer la concentration géographique de phénomènes dénombrables. Il peut être utilisé pour comparer la part d’une industrie dans une région donnée en la comparant avec la moyenne nationale. Le QL permet donc, entre autres, de découvrir la concentration de certaines industries sur un territoire.

LE CANADA : UN BASSIN D'OPPORTUNITÉS

Les agglomérations ont tendance à se former à proximité des universités, telles que l’Université Stanford ou l’Université de Californie à Berkeley, qui sont enclines à investir dans la recherche et le développement et à fournir un flux constant de nouveaux talents. Elles se forment également autour d’entreprises qui figurent comme chefs de file et soutiennent un écosystème innovant qui engendre de nouvelles entreprises. Les entreprises utilisent les agglomérations pour les rapports de synergies qui permettent d’accélérer les processus d’innovation (CBRE Research, 2021). Des avantages intéressants, motivés par l’accès à des connaissances localisées et par leur influence sur les résultats financiers et non financiers, incitent alors les entreprises à s’installer à proximité des agglomérations technologiques (Guzman, 2019).

Plusieurs villes canadiennes, comme Toronto, Montréal et Vancouver, sont devenues des écosystèmes idéaux pour les entreprises technologiques. Le Canada est en effet considéré comme une terre d’opportunités offrant des talents de qualité et des coûts réduits. Les entreprises qui choisissent d’investir dans le secteur canadien de la technologie ont accès à plusieurs incitatifs financiers clés.


Incitatifs fiscaux


Les sociétés étrangères peuvent bénéficier d’allégements fiscaux pour investir dans un bureau canadien. Tout travail de recherche et de développement peut également être admissible aux crédits d’impôt pour la recherche scientifique et le développement expérimental (Gouvernement du Canada, 2021).

Réduction des coûts de main-d’œuvre


Le coût de la vie moindre au Canada permet aux entreprises étrangères d’offrir à leur personnel des salaires inférieurs, sans nuire à leur qualité de vie. Le ratio loyer-salaire est nettement inférieur au Canada par rapport aux principaux pôles technologiques américains. Par exemple, le ratio pour Montréal est de 12,7 %, comparativement à celui de San Diego qui atteint 22,6 % (CBRE Research, 2021).

Réduction des coûts d’exploitation


Les coûts d’exploitation liés au fonctionnement d’un établissement physique sont nettement inférieurs au Canada. La figure 3.2.2 illustre d’ailleurs les coûts annuels d’opération, comprenant le coût du loyer et le salaire des employés, des différentes juridictions. Montréal et Vancouver présentent des coûts significativement inférieurs à ceux des villes de la côte ouest-américaine.

Le Canada présente d’autres caractéristiques intéressantes pour les entreprises. Parmi celles-ci, soulignons le fait qu’il obtient constamment une cote élevée de bonheur selon le World Happiness Report (2019), principalement grâce à sa politique stable, ses facteurs sociaux et sa forte économie.

Figure 3.2.2 - Coûts annuels moyens d’opération (M$)
(entreprise de 500 employés, 75 000 pieds carrés)

 Source : Waterloo EDC, 2021

LE SYNDROME DE LA SILICON VALLEY

Bien que les formations des agglomérations technologiques bénéficient aux entreprises, elles peuvent également entraîner des conséquences négatives sur l’économie plus large de la région : logements inabordables, coûts d’affaires importants, déclin du dynamisme de l’économie et impacts environnementaux. Tout d’abord, ces agglomérations amènent la diminution du nombre d’établissements et d’emplois dans les industries non technologiques du secteur. En d’autres termes, les entreprises non technologiques de la région, comme celle de l’automobile par exemple, se voient soumises à une inflation des coûts et n’arrivent plus à concurrencer leurs compétiteurs nationaux et internationaux. Le secteur de la haute technologie semble donc évincer les autres industries de l’agglomération.

Parallèlement, certains secteurs de l’industrie, comme les commerces de vente au détail et les établissements de santé, se développent. En effet, la formation des agglomérations engendre une augmentation de la demande de biens et de services locaux, ce qui se traduit par l’augmentation du nombre d’établissements dans ces industries, du nombre total d’emplois disponibles dans celles-ci et des revenus moyens. Or, une exacerbation des inégalités de revenus est également soulignée selon les types d’entreprises, alors que les celles nécessitant des employés moins qualifiés et spécialisés offrent des salaires moindres. Ainsi, ceux qui se trouvent au bas de la répartition des revenus, tels que les barmans et serveurs, ne subissent pas de changement dans leurs revenus, alors que ceux en haut, comme les dentistes et les médecins, gagnent davantage (Kwon & Sorenson, 2019).

Plusieurs personnes se retrouvent également victimes du développement des agglomérations, notamment de la hausse du prix de l’immobilier, du prix de l’eau et de l’électricité, de la congestion sur les routes et des problèmes environnementaux, comme la sécheresse et la fumée conséquente aux feux de forêt. Ces retombées poussent alors les entreprises à se relocaliser vers d’autres régions à moindre coût (Cohen & Fields, 1999).

L’itinérance

Alors que la richesse de la côte ouest nord-américaine se démarque du reste du Canada et des États-Unis, l’itinérance dans la population suit la même tendance. En effet, depuis des décennies, la Californie compte la plus grande population de personnes sans logement avec plus de 160 000 individus en condition d’itinérance, soit 27,9 % de la population. Ce phénomène n’épargne pas les États de Washington, avec près de 23 000 itinérants (4,0 % de la population) et de l’Oregon, avec plus de 14 000 itinérants (2,5 % de la population) (Garner, 2022). Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette crise des sans-abri, comme les coûts élevés du logement, le manque de places disponibles dans les refuges, la désinstitutionnalisation et les changements dans le système de justice pénale (Streeter, 2022).

En résumé, les agglomérations technologiques permettent à l’économie de la côte ouest nord-américaine de se démarquer à l’échelle internationale. Leur apparition tend à se faire naturellement par un alignement de facteurs avantageux. Depuis les dernières années, le phénomène de la Silicon Valley a tenté d’être reproduit à plusieurs endroits, sans toutefois parvenir à atteindre un tel développement économique. Des experts rencontrés au cours de la mission soutiennent que malgré les avantages que ces endroits proposent, la Silicon Valley devrait parvenir à se renouveler pour demeurer un modèle.

V. Maciel

À la recherche de talents, mais à quel prix?

Félix Chouinard

La pénurie de main-d’œuvre se fait sentir plus que jamais dans notre quotidien, que ce soit par la diminution de disponibilité des différents services offerts, comme la restauration, les services gouvernementaux ou les services financiers, ou par la variété de postes offerts dans tous les secteurs économiques.

Désormais, les travailleurs ont un plus grand pouvoir de décision sur leur employeur, leur salaire et leurs futures conditions de travail. Mais d’où vient cette pénurie de main-d’œuvre? La pandémie a certainement eu un effet dévastateur, mais plusieurs autres facteurs sont à prendre en considération.

Bien que bénéfique pour l’individu nouvellement gradué ou encore pour celui à la recherche de nouveaux défis, la pénurie de main-d’œuvre n’est pas sans conséquence pour le marché de l’emploi. Elle peut engendrer une hausse du taux d’inflation et une augmentation des coûts pour les individus, les employés et les entreprises (Ciceron Vignon, 2020).

La Grande Démission

« La Grande Démission » est un phénomène qui a commencé à être observé au début de 2021. L’expression a été inventée par le professeur texan Anthony Klotz et désigne une vague massive d’employés quittant volontairement leur emploi. Aux États-Unis seulement, 47 millions d’Américains ont volontairement quitté leur emploi en 2021, causant une vague de mouvement de personnel sans précédent (Fuller & Keer, 2022).

DIMINUTION DE LA POPULATION ACTIVE ET DU TAUX DE NATALITÉ

À la suite de la Seconde Guerre mondiale, soit entre 1946 et 1965, le Canada et les États-Unis ont connu une importante hausse du taux de natalité, mieux connu sous le terme baby-boom (Figure 3.3.1). Depuis, le taux de natalité est en chute libre et le vieillissement de la population se fait ressentir. Alors que la pandémie frappait, en 2020, les bébés nés du baby-boom atteignaient l’âge de la retraite et avaient entamé ou prévoyaient entamer bientôt le processus de retraite.

Figure 3.3.1 - Taux de natalité par femme selon les années

 Source : The World Bank, 2022

En effet, selon une étude réalisée par Laurent Martel (2019) de Statistique Canada, le taux global d’activité, mesurant la population en âge de travailler, est en diminution et continuera de diminuer, peu importe les projections qui sont faites. Ce taux pourrait passer de 66 % en 2017 à 63 % ou moins en 2036. Selon Statistique Canada, le Canada comptait, en 2017, quatre personnes actives pour chaque personne inactive de 65 ans et plus. En 2036, ce ratio pourrait être inférieur à trois à l’échelle nationale et pourrait même être inférieur à deux pour certaines régions, notamment la Colombie-Britannique, ainsi que dans les régions métropolitaines du Québec, à l’exception de Montréal. Aux États-Unis, selon une étude réalisée par la Réserve fédérale américaine en 2019, le taux de personnes atteignant 65 ans devrait atteindre des sommets en 2023 et être en décroissance constante pour les 20 prochaines années après 2025 (Vandenbroucke, 2019).

EMPLOYÉS DEMANDÉS DE JOUR, DE SOIR ET DE NUIT

Alors que le taux de population active est en diminution, le nombre de postes vacants a connu une hausse significative de 2018 à 2021, et ce, autant au Canada et aux États-Unis (Figure 3.3.2) qu’au Québec et en Colombie-Britannique (Figure 3.3.3). L’ensemble des régions connaît une forte augmentation de plus de 50 % en moyenne des postes vacants à la suite du début de la pandémie. Un écart considérable se creuse toutefois au fil des années entre le Québec et la Colombie-Britannique. Le Québec semble avoir connu une bien plus grande pénurie de main-d’œuvre que la province de l’ouest. En effet, le Québec affichait plus du quart (26,5 %) des postes vacants au Canada au premier trimestre de 2021, alors qu’ils ne représentent que 22,5 % des emplois salariés du Canada (Gouvernement du Québec, 2021). Plusieurs raisons peuvent expliquer la difficulté qu’a connue le Québec à pourvoir ces postes à la suite de l’arrivée du virus en comparaison avec la Colombie-Britannique et le Canada, et l’une de celles-ci est l’ajustement salarial. En effet, le salaire moyen offert au Québec pour les postes vacants a continué de croître moins rapidement que dans l’ensemble du Canada. A contrario, les provinces où le salaire offert a connu une croissance plus rapide que la moyenne ont vu leur nombre de postes vacants augmenter moins rapidement qu’au Québec, se stabiliser, voire diminuer. Le salaire horaire moyen offert pour les postes vacants au Québec s’élevait à 22,20 $ au premier trimestre 2021 en hausse de 4,2 % sur la période correspondante de 2020. Dans le cas de la Colombie-Britannique, le salaire horaire moyen offert s’élevait à 24,55 $ au premier trimestre de 2021, et était en hausse de 14,5 % pour la période correspondante de 2020 (Gouvernement du Québec, 2021).

Figure 3.3.2 - Nombre de postes vacants par trimestre au Canada et aux États-Unis

 Source : Statistique Canada, 2022 ; Fred St. Louis, 2022

Figure 3.3.3 - Nombre de postes vacants par trimestres au Québec et en Colombie-Britannique

Note : Les données du trimestre 2 et 3 de 2020 sont manquantes au Canada, puisque Statistique Canada a interrompu la collecte de données en raison de la pandémie.
Source : Statistique Canada, 2022

Les prestations fédérales autant aux États-Unis (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security Act [CARES ACT]) qu’au Canada (Prestation canadienne d’urgence [PCU] et Prestation canadienne de relance économique [PCRE]) ont également bouleversé le retour au travail dans certains emplois faiblement rémunérés parmi lesquels figurent principalement les secteurs du service (commerce de détail, hébergement, restauration, etc.). Ce sont également ces secteurs qui ont été les plus durement touchés par l’ensemble des mesures mises en place par la pandémie (Lesage, 2020). Alors qu’il est encore tôt pour tirer des conclusions sur les réelles implications du soutien gouvernemental, on peut émettre que le soutien financier a joué un rôle en permettant aux employés à faibles revenus de se trouver un meilleur emploi tout en ayant un certain coussin financier. La balle est alors dans le camp des employeurs et c’est à eux qu’il incombe d’offrir un salaire et des avantages concurrentiels.

LinkedIn – Le grand remaniement

Lors de la visite de l’entreprise LinkedIn, les membres de la mission ont eu la chance d’approfondir le phénomène de la Grande Démission. Cette expression peut se traduire par le grand remaniement, puisque les gens ne quittent pas le marché du travail. En effet, ils tendent plutôt à changer d’emploi pour un nouveau poste qui sera plus apprécié ou qui offrira un meilleur salaire ou de meilleures conditions. Ainsi, LinkedIn a observé une croissance du nombre d’applications supérieure à la croissance du nombre d’emplois. D’ailleurs, à l’échelle mondiale, la transition d’emplois chez les professionnels de la vente a augmenté de 26 % entre les mois d’octobre et de décembre 2021. Pour lutter contre ce phénomène, le directeur de l’exploitation de LinkedIn, Dan Shapero, affirme que les organisations qui responsabilisent leurs employés en leur offrant flexibilité, confiance et perfectionnement seront celles qui prospéreront.

LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DU SERVICE À BOUT DE SOUFFLE

L’un des secteurs où la demande en main-d’œuvre a été la plus criante au cours des dernières années, en Amérique du Nord, est certainement celui de la santé. Le tableau 3.3.1 démontre en effet que, de 2019 à 2020, plus de 50 % des postes vacants au Québec étaient liés au secteur de la santé (Statistique Canada, 2020). En plus d’être un des secteurs qui a connu une hausse des emplois au cours des dix dernières années, le secteur de la santé a été grandement touché par la pandémie. Selon une étude réalisée en Ontario, le taux d’épuisement professionnel qui oscillait entre 20 % et 40 % avant la pandémie a atteint, pendant la crise, entre 30 % et 40 % et parfois jusqu’à 60 % dans certains secteurs de la santé (Maunder, Heeney, Strudwick et al, 2021).

Tableau 3.3.1 - Variation du nombre de postes vacants au Québec entre les premiers trimestres de 2019 et 2020

 Source : Statistique Canada, 2022

Le secteur de la santé n’a pas été le seul à encaisser un dur coup lors de la pandémie. Lors des restrictions imposées au début de la pandémie, le secteur du service, forcé de fermer boutique pendant plusieurs semaines, a subi d’importantes répercussions. Selon une étude effectuée par Desjardins, le secteur de l’hébergement et de la restauration était le plus touché, enregistrant une baisse de 24 % des emplois (Desjardins, 2020). Alors que les mesures sont actuellement en train de s’adoucir, le problème majeur que connaît ce secteur est de trouver de la nouvelle main-d’œuvre disponible, car beaucoup de travailleurs de l’hébergement et de la restauration se sont maintenant relocalisés dans une autre branche de l’industrie, puisque ces services étaient fermés.

UNE LUEUR D'ESPOIR VIA LA COLLABORATION

Comment arriverons-nous à renverser la situation dans les prochaines années? D’un intérêt commun, le 23 février 2021, le Canada et les États-Unis ont décidé de renouveler leur partenariat afin de surmonter les défis d’aujourd’hui et de demain (The White House, 2021). Leur feuille de route est divisée en six points précis qui visent plusieurs secteurs de l’économie et de la société. Le deuxième point « Reconstruire en mieux » traite de relance économique et de la nécessité de renforcer la classe moyenne en créant des occasions d’emplois durables et des carrières intéressantes. Le premier ministre et le président ont annoncé des initiatives conjointes pour accélérer la reprise économique des petites et moyennes entreprises (PME), et ce n’est pas sans raison. Aux États-Unis seulement, 30 millions de PME représentaient près des deux tiers des nouveaux emplois nets du secteur privé au cours des dernières décennies (Office of the United States Trade Representative, 2022). Les PME en santé et qui exportent auront donc tendance à créer un plus grand nombre d’emplois et à verser des salaires plus élevés qui contribueront à pallier le problème de main-d’œuvre. Les exportations seront également facilitées grâce au Transatlantic Trade Investment Partnership (T-TIP) qui vise à renforcer le lien déjà solide entre les PME des États-Unis et celles de l’Union européenne (UE). Le Canada, quant à lui, offre jusqu’à 50 000 $ aux PME qui sont enregistrées au Canada pour les aider à exporter et à développer leurs activités outre-mer (Gouvernement du Canada, 2022). Les deux dirigeants ont également mentionné vouloir renforcer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement entre les deux pays, ce qui contribuerait également à la quantité et à la qualité des emplois. Ces mesures sont très réalistes et elles proposent un vent de fraîcheur pour le problème de la pénurie de main-d’œuvre au Canada et aux États-Unis. Il est certain qu’il reste du travail à faire, mais la collaboration des deux pays pourrait certainement être le catalyseur de la solution.

T. Mendoza

L'herbe est toujours plus verte ailleurs

Félix Chouinard et Walid Chaib Cherif-Baza

Avant la COVID-19, les plus grandes perturbations du travail étaient liées aux nouvelles technologies et à la croissance des liens commerciaux. La pandémie a pour la première fois mis en évidence l’importance de la dimension physique du travail.

Face à la perspective d’un travail entièrement à distance, la tendance à la mobilité est de plus en plus marquée. Vivre dans une métropole caractérisée par le coût élevé de la vie ne semble plus être une nécessité. C’est aussi le cas pour des entreprises qui souhaitent relocaliser certaines de leurs activités. En somme, d’importants déplacements de population pourraient avoir un impact sur le marché du travail et le marché de l’immobilier. Qui plus est, les recettes fiscales pourraient diminuer et ainsi affecter les services que les gouvernements sont en mesure de fournir.

L'EXODE DE LA CALIFORNIE : MYTHE OU RÉALITÉ

En s’appuyant sur 16 années de données portant sur les antécédents de crédit pour suivre les déménagements résidentiels jusqu’à la fin de l’année 2020, un rapport du California Policy Lab n’a trouvé « aucune preuve d’un exode prononcé de l’État » et « peu de preuves que les Californiens aisés partent en masse » (Holmes & White, 2022). Le rapport a toutefois révélé une migration nette de San Francisco pendant la pandémie, ainsi qu’une baisse du nombre de personnes s’installant dans l’État. La part des habitants qui quittent l’État de Californie a légèrement augmenté depuis 2015, passant de 16 % à 18 %, une tendance qui s’est poursuivie en 2020 sans augmentation marquée. L’écart par rapport aux tendances antérieures est encore plus marqué à San Francisco, qui a connu une augmentation de 31 % des départs et une diminution de 21 % des entrées depuis la fin mars 2020. Les sorties nettes de San Francisco ont augmenté de 649 %, passant de 5 200 à 38 800. Toutefois, environ les deux tiers des personnes qui ont déménagé de San Francisco sont restés dans la région économique de la baie de San Francisco, qui compte 11 comtés, et 80 % d’entre elles sont restées en Californie, ce qui correspond aux tendances des années précédentes (Holmes & White, 2022).

Outre la mobilité urbaine, qu’en est-il des entreprises? Une étude réalisée par Vranich & Ohanian (2021) pour l’Institut Hoover, à l’Université de Stanford, a démontré que la Californie connaît une grave perte de sièges sociaux d’entreprises au profit d’autres États. Ce phénomène concerne des entreprises de presque toutes les industries. Cette étude se concentre toutefois uniquement sur la délocalisation de sièges sociaux et elle ne prend donc pas en compte l’ouverture de nouveaux bureaux et la possible délocalisation d’employés. Qui plus est, les chiffres sont probablement sous-estimés, car tous les transferts de sièges sociaux ne sont pas connus du public, en particulier lorsqu’ils concernent de petites entreprises. Le tableau 3.4.1 fait état des principales délocalisations à travers les comtés californiens entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2021.

Tableau 3.4.1 - Nombre de délocalisations par comté californien entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2021

 Source : Vranich & Ohanian, 2021

Parallèlement au phénomène de l’exode des travailleurs, San Francisco subit un exode des entreprises, comptabilisant 20 % des délocalisations de l’État de Californie. Bien que le phénomène de mobilité urbaine observée à San Francisco ne soit pas aussi criant à Los Angeles, celui de l’exode des entreprises est frappant, puisque 23 % des migrations de sièges sociaux sur cette période surviennent à Los Angeles.

Il est donc intéressant de se questionner sur les destinations choisies par ces entreprises. Le tableau 3.4.2 présente les principales régions accueillant les entreprises californiennes. La tendance en faveur de la relocalisation vers le Texas est saisissante puisque l’État comptabilise, sur cette période, près de 50 % des relocalisations de sièges sociaux californiens. Parmi les relocalisations majeures révélées récemment, Oracle a annoncé le transfert de son siège social depuis la Silicon Valley vers Austin, au Texas (Bursztynsky, 2020). Par ailleurs, Elon Musk a également décidé de construire la prochaine usine de Tesla à Austin (Bellon, 2021).

Tableau 3.4.2 - Nombre de relocalisations par État depuis la Californie entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2021

 Source : Vranich & Ohanian, 2021

Il semblerait donc qu’il y ait une disparité entre l’exode des habitants et celui des entreprises californiennes. San Francisco semble néanmoins représenter un cas à part puisque la ville subit les deux types d’exode. Il est par conséquent intéressant de se pencher sur la dichotomie entre San Francisco et le reste de la Californie afin d’obtenir des éléments de réponse pouvant expliquer ces phénomènes opposés de mobilité urbaine et de délocalisation d’entreprises.


UN CLIMAT PESANT


De nombreux motifs peuvent expliquer un tel exode, notamment des économies de coûts, le désir de changer la culture d’entreprise, les infrastructures de transport, l’accès aux talents et le climat réglementaire. Un de ces facteurs peut être le catalyseur d’une relocalisation, mais souvent, la décision est motivée par une combinaison d’entre eux.

Les taxes et les impôts sont des facteurs importants du coût de l’activité économique. Ils influent sur les décisions des entreprises, la création et le maintien des emplois, l’implantation des usines, la compétitivité et la santé à long terme de l’économie d’un État. Dans leur indice du climat fiscal des entreprises, en 2021, Walczak & Cammenga (2021) ont classé les 50 États américains en termes d’impôts sur les sociétés, sur le revenu des particuliers, sur les ventes, sur les propriétés et finalement sur l’impôt sur l’assurance-emploi. Le tableau 3.4.3 présente les résultats de leur étude pour certains États clés.

Tableau 3.4.3 - Classement de l’indice du climat fiscal des affaires pour certains États en 2021

 Source : Walczak & Cammenga, 2021

L’avantage du Texas et de Washington est leur compétitivité en termes d’impôts sur le revenu puisqu’ils qu’ils n’en facturent pas. L’Oregon se démarque en matière de taxes de vente, se classant quatrième à l’échelle nationale. À l’inverse, la Californie subit les conséquences de ses politiques fiscales plus agressives, dont le taux marginal supérieur de l’impôt d’État sur le revenu qui atteint en 2022 une valeur de 13,3 %, soit la plus élevée aux États-Unis (Vermeer & Loughead, 2022).


Le coût de la vie constitue un autre facteur déterminant pouvant expliquer le choix de certains employés de s’installer dans des régions plus abordables. Le US Bureau of Economic Analysis (BEA) a développé un outil permettant de comparer les États américains au regard du coût de la vie, incluant les biens et services tels que l’alimentation, les vêtements, les loisirs, les transports, le logement, l’éducation ainsi que les soins médicaux. Les Regional Price Parities mesurent les différences de niveaux de prix entre les États pour une année donnée et sont exprimés en pourcentage du niveau général des prix nationaux (Figure 3.4.1).

Figure 3.4.1 - Regional Price Parities par État en 2020

 Source : BEA, 2021

Le Texas se retrouve légèrement en dessous de la moyenne nationale, alors que la Californie, l’État de Washington et dans une moindre mesure l’Oregon figurent comme des États où le coût de la vie est nettement supérieur au reste des États-Unis. Cet indicateur traduit une tendance dont ces États ont du mal à se défaire. Malgré une volonté de contenir une hausse drastique du coût de la vie dans des villes comme San Francisco ou Seattle, l’impact économique de la concentration d’entreprises technologiques sur la population de ces villes semble être difficile à renverser.

Malgré l’attractivité du style de vie californien, de nombreuses entreprises décident de fermer boutique et de s’installer dans des régions fiscalement plus avantageuses. Les États mettent en place des politiques pour convaincre les entreprises de s’y installer, ce qui mène à la création de nouveaux centres technologiques rivalisant avec la Silicon Valley. Parmi eux, Bellevue, non loin de Seattle, qui a cimenté, ces dernières années, sa place comme l’un des principaux pôles technologiques dans le monde ou encore la Silicon Forest, en Oregon.

LE NORD-OUEST DU PACIFIQUE, NOUVEL ELDORADO DES ENTREPRISES TECHNOLOGIQUES

Malgré l’effet de la pandémie et l’exode des talents et des investisseurs de certains États de la côte ouest, l’État de Washington, et plus précisément les villes de Seattle et de Bellevue, semble tenir le coup et même attirer de nouveaux talents technologiques. En effet, une étude réalisée par LinkedIn montrait, de mars à octobre 2020, un ajout de 2,2 travailleurs dans le secteur technologique pour chaque travailleur qui quittait la ville (LinkedIn Economic Graph, 2021). Il semble y avoir un certain transfert de la région de la baie de San Francisco à Seattle. En effet, après avoir enregistré, de 2020 à 2021, la plus grande baisse de personnel, soit une baisse de 35 %, la région de la baie de San Francisco enregistrait également, entre 2020 et 2021 pour les mois de mars à octobre, une augmentation de la migration vers Seattle de 28 %.  (LinkedIn Economic Graph, 2021). En banlieue de Seattle, la ville de Bellevue attire également l’attention et certainement les talents en technologie. Figurant au troisième rang en termes d’éducation parmi les 200 plus grandes villes du pays, 23 % de la main-d’œuvre y occupe des postes liés à l’ingénierie ou aux sciences, soit 10 % de plus qu’à San Jose (City of Bellevue, 2022).

Bellevue, l’alter ego de la Silicon Valley

En 1979, Bill Gates et Paul Allen décident d’installer le siège social de Microsoft à Bellevue, dans la banlieue de Seattle où ils ont grandi. Cette banlieue accueille aujourd’hui les bureaux de T-Mobile et de Salesforce et apparaît comme un site attrayant pour d’autres entreprises technologiques.

Portland est une autre ville émergente qui partage des similitudes avec la Silicon Valley. Connue sous le nom de Silicon Forest, elle regroupe plus de 1 500 entreprises de haute technologie, dont Amazon, IBM, Intel, Sharp et autres (Wollner, 2021).

ET MONTRÉAL? UN BRILLANT AVENIR

Un autre endroit qui attire actuellement l’attention quant aux technologies de pointe est certainement Montréal. En effet, ce n’est pas sans raison que des géants de la technologie tels que Facebook, Google, Microsoft, Samsung et d’autres ont misé sur Montréal pour s’établir et développer ici même leur expertise en intelligence artificielle (IA) (Investissement Québec, 2019). En 2020, Montréal a été nommée au top 3 des meilleurs endroits où investir en IA en Amérique du Nord et depuis 2016, elle a obtenu plus de 3 milliards de dollars d’investissement en IA. Montréal regorge de talents issus notamment de ses universités de renom Le QS Best Student Cities Ranking 2022 lui accordait d’ailleurs le titre de meilleure ville étudiante dans les Amériques (à égalité avec Boston). Actuellement, plus de 14 000 étudiants universitaires sont inscrits dans un programme d’IA et de données. Montréal est également la première ville au Canada pour la recherche universitaire, avec un financement de plus de 1,34 milliard de dollars annuel (Montréal International, 2022). En 2021, la métropole comptait plus de 27 000 travailleurs détenant des connaissances en IA, ce qui représente une croissance de 17 % par rapport à 2020.

De plus, Montréal a à cœur la croissance et le développement des startups et elle compte, sur son territoire, plus de 30 incubateurs et accélérateurs. Le Centech est un très bon exemple d’incubateur d’entreprises technologiques à succès, et en 2019, le UBI Global lui décernait le titre d’un des incubateurs universitaires les plus performants au monde (Centech, 2022).

En plus d’être un incubateur pour les projets d’ici, Montréal travaille depuis longtemps à attirer des talents de tout genre dans plusieurs filières économiques, dont celle des jeux. C’est la combinaison de l’arrivée à Montréal de l’Office national du film (ONF), en 1956, puis les crédits d’impôt offerts dès 1990 pour les compagnies qui s’établissaient à Montréal qui ont propulsé le secteur des jeux dans la métropole. En 2016, Montréal a rejoint le top 5 mondial des concentrations d’emplois dans ce secteur, derrière Tokyo, Londres, San Francisco et Austin (Investissement Québec, 2016). La créativité montréalaise et ses idées novatrices ont créé massivement de l’emploi dans le secteur des jeux vidéos, principalement entre 2002 et 2012, alors qu’on observait une croissance annuelle de 22 % (SECOR-KPMG, 2014).

Montréal mise en ce moment sur la formation et l’encadrement de sa population, tout en attirant de nouveaux talents et investisseurs. Ces décisions stratégiques clés payeront certainement dans le futur, comme le démontre un récent rapport de l’OCDE qui stipule que de fournir à chaque enfant l’accès à l’éducation et les compétences nécessaires pour participer pleinement à la société augmenterait le PIB en moyenne de 28 % par an dans les pays à faible revenu et de 16 % par an dans les pays à revenu élevé pour les 80 prochaines années (OCDE, Hanushek, Woessmann, 2015).

Ubisoft La Forge

Montréal figure parmi les chefs de file de la création des jeux vidéo. La compétition est toutefois féroce et Ubisoft a su développer une division qui lui permet de rester dans la course. Cette division, connue comme « La Forge », vise à transformer les méthodes pour redéfinir les règles du jeu. Travaillant de concert avec le milieu universitaire, cette collaboration dynamique crée un désir d’innover ensemble pour faire émerger des technologies novatrices et modernes. Cet écosystème permet de concilier les avancées pratiques du domaine du jeu vidéo avec celles, théoriques, du domaine universitaire et permet à Ubisoft de demeurer au sommet de cette industrie.

En résumé, malgré la relocalisation des sièges sociaux d’entreprises telles qu’Oracle et HP, la Silicon Valley possède un écosystème propice à l’innovation. Les entrepreneurs continuent de s’installer dans la région où ils trouvent une culture favorable à la croissance de leur entreprise. La proximité avec des universités de renom comme Stanford et de nombreuses entreprises spécialisées en capital de risque permettent une intégration verticale des startups qui voient le jour. Bien que d’autres régions deviennent d’importants centres technologiques, il semblerait que la Silicon Valley restera l’épicentre de l’innovation aux États-Unis et à travers le monde, étant donné un environnement déjà établi depuis les années 1950. Une culture d’innovation ne se crée pas, elle se construit.

Photographe anonyme

Une entente conjointe pour une planète à bout de souffle

Walid Chaib Cherif-Baza

L’urgence climatique se fait ressentir depuis de nombreuses années. La ratification d’accords intergouvernementaux ne semble pas toutefois être un incitatif suffisant pour contraindre les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés dans les conférences des parties.

Néanmoins, des mesures à l’échelle infranationale ont été mises en place pour forcer les entreprises à réduire leurs émissions. C’est dans cette optique que le Québec a été la première province au Canada à mettre en œuvre, dès 2013, un système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions de GES, communément appelé le « marché du carbone ». En 2014, le Québec se joint à la Californie par l’intermédiaire de la Western Climate Initiative pour créer le plus vaste marché du carbone en Amérique du Nord (Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques [MELCC], 2021a).

Conférence des parties

La conférence des parties – ou plus communément appelée la COP – est une organisation de collaboration internationale regroupant 197 nations et territoires. Elle est le fruit de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ratifiée en 1992, et qui constituait alors le premier accord international de la part de l’Organisation des Nations Unies en vue d’agir pour contrer les impacts des changements climatiques (World Meteorological Organization, 2022).

RÉPONDRE À L'URGENCE CLIMATIQUE

Dans le deuxième volet de son sixième rapport publié en février 2022, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) tire des conclusions alarmantes. Parmi les pires scénarios de réchauffement analysés, il dépeint un monde où « un nationalisme renaissant, des préoccupations en matière de compétitivité et de sécurité, et des conflits régionaux » rendent la collaboration internationale presque impossible. Pourtant, celle-ci est indispensable pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, ce qui permettrait ainsi de réduire considérablement les dommages causés aux économies, à l’agriculture, à la santé humaine et à l’environnement (GIEC, 2022).

Pour répondre à cette urgence climatique, les pays et les gouvernements régionaux mettent en place des politiques visant à mitiger les effets du réchauffement climatique. À l’échelle nationale, le Canada s’est joint aux États-Unis et aux autres pays du G7 en vue d’atteindre l’objectif de carboneutralité d’ici 2050 (Gouvernement du Canada, 2020). À l’échelle régionale, le Québec s’est notamment engagé à réduire ses émissions de 20 % par rapport à 1990 au cours de la même période. Malheureusement, en 2017, le Québec n’avait réduit ses émissions que de 9 %, très loin de l’objectif fixé pour 2020.

Pourtant, plus de 99 % de l’électricité et près de 50 % de l’énergie totale utilisée au Québec proviennent de sources renouvelables, principalement de l’énergie hydraulique et éolienne. Le Québec doit donc concentrer son attention sur les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre, où les réductions sont notoirement difficiles à réaliser : la production industrielle, les bâtiments et surtout, les transports (MELCC, 2020). Dans son Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques, le gouvernement québécois a mis en place un système de taxes sur l’utilisation des combustibles fossiles (Gouvernement du Québec, 2008). Cependant, le gouvernement québécois a réalisé que pour réduire davantage ses émissions de GES, il avait besoin d’un outil plus fort et plus robuste que sa taxe sur les combustibles fossiles – un outil qui intégrerait les coûts économiques, sociaux et environnementaux cachés liés aux émissions de GES dans l’économie ainsi que dans le processus décisionnel des entreprises et des citoyens. C’est à partir de ce constat que naît le système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions de GES (SPEDE). Le modèle est fondé sur un plafond d’émissions décroissant dans le temps, incitant ainsi les entreprises à innover pour diminuer leurs émissions. C’est un outil économique novateur qui se distingue des normes et des réglementations traditionnelles. Il constitue un mécanisme de marché flexible servant à introduire un coût carbone dans la prise de décisions d’affaires (MELCC, 2021a).

LA BOURSE DU CARBONE, UN VECTEUR D'INVESTISSMENTS VERTS ?

Bien qu’ils soient en grande partie le produit de la législation des provinces et des États et participants, les systèmes de plafonnement et d’échange de la Californie et du Québec fonctionnent sous les directives de la Western Climate Initiative (WCI), une organisation intergouvernementale sous-nationale volontaire lancée en 2007. Si le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission mis en place par la Californie et le Québec s’avère efficace pour permettre à ces juridictions de réduire leurs émissions globales de manière plus rentable, d’autres États et provinces pourraient adhérer à la WCI. Celle-ci pourrait également servir de modèle à un éventuel mécanisme fédéral ou même continental de tarification du carbone.

Un incitatif déterminant pour contraindre les entreprises à réaliser des efforts conséquents est le prix de la tonne de carbone. Dans la mesure où il s’agit d’un système de bourse, le prix de la tonne de carbone est fixé par le marché. Plus ce prix augmente, plus les entreprises investissent pour mettre en place des procédés plus verts, car acheter des crédits carbone à des prix sans cesse en hausse n’est habituellement pas un investissement durable.

Malgré des périodes d’augmentation entre 2015 et 2021, la figure 3.5.1 montre une tendance relativement stable lors de ces années. Néanmoins, depuis février 2021, le prix de la tonne de carbone est en constante augmentation et elle atteignait, lors de la dernière vente aux enchères, la somme de 37,14 $. Coïncidence ou corrélation? Cette augmentation survient peu après l’annonce du gouvernement québécois d’interdire la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.

Figure 3.5.1 - Évolution du prix de la tonne de carbone au fil des années

 Source : California Air Resources Board, 2022; MELCC, 2022

Les entreprises inscrites au SPEDE achètent alors des unités afin de respecter le seuil décroissant d’émissions. Les recettes totales des ventes aux enchères sont présentées à la figure 3.5.2. En novembre 2022, la Californie, qui constituait le maximum des recettes totales du SPEDE, a enregistré des revenus de 2,3 G$, alors que ceux du Québec s’élevaient à 375 M$. Les deux régions ont des revenus très différents, mais ces derniers demeurent en adéquation avec la différence d’échelle qui existe entre les deux. Au 16 février 2022, date de la dernière vente aux enchères, la Californie comptait 91 entreprises y ayant pris part contre 36 au Québec (MELCC, 2022). De plus, la Californie émettait en 2019 cinq fois plus de dioxyde de carbone équivalent que le Québec, ce qui explique l’écart de revenus entre les deux régions (California Air Resources Board, 2021; Gouvernement du Canada, 2021a).

Figure 3.5.2 - Montants versés au Fond d’électrification et de changements climatiques (FECC) et à l’État de Californie au fil des années

 Source : California Air Resources Board, 2022; MELCC, 2022

Le Québec et la Californie ont respectivement mis en place le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) et le Fonds de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces programmes allouent le produit des ventes aux enchères de quotas et d’échange à des investissements et des projets qui réduisent les émissions de GES à travers ces régions.

Les investissements présentés aux figures 3.5.3 et 3.5.4 représentent environ un tiers des investissements réalisés par les gouvernements respectifs des deux régions. La transition vers des moyens de transport plus respectueux de l’environnement est une priorité commune. Le Québec compte utiliser les avantages de l’électricité de source hydraulique pour permettre cette transition, alors que les investissements majeurs dans des projets ferroviaires en Californie démontrent la volonté d’améliorer les transports en commun et de favoriser une mobilité urbaine accrue. Le reste des investissements témoignent des particularités des deux régions. D’une part, le Québec mise sur la conversion de matières premières pour la production de bioénergies afin de remplacer les énergies fossiles. D’autre part, la Californie se doit de répondre aux effets des changements climatiques comme les feux de forêt qui ont fait des ravages ces dernières années. Les disparités sociales, d’autant plus marquées en Californie qu’au Québec, sont aussi une source d’inégalité face à cette transition écologique. C’est pourquoi le Programme des collectivités durables vise à venir en aide aux communautés les plus démunies afin de les soutenir dans cette transition.

Figure 3.5.3 - Principaux investissements réalisés par le FECC au 3 septembre 2021
 

 Source : MELCC, 2021b

Figure 3.5.4 - Principaux investissements réalisés par l'État de Californie à travers ses différentes institutions au 31 mai 2021

 Source : California Climate Investments, 2021

UN PARTENARIAT TOURNÉ VERS L'AVENIR

En présentant une Feuille de route pour un partenariat renouvelé États-Unis–Canada, Justin Trudeau et Joe Biden montrent un visage unifié des deux pays sur un grand nombre de sujets sensibles. L’un d’entre eux est l’accélération des ambitions en matière de climat. Pour ce faire, les deux dirigeants proposent notamment une coopération accrue entre les deux nations pour respecter leurs objectifs de carboneutralité d’ici 2050. Cette coopération est possible en harmonisant les politiques tarifaires des entreprises polluantes. L’initiative infranationale conjointe entre la Californie et le Québec constitue un premier pas vers la possibilité d’étendre ce type de collaboration à l’échelle internationale. La mise en place de projets clés à travers les différentes sphères des économies régionales montre les bienfaits et le potentiel d’un tel système. Néanmoins, la mise en place d’un partenariat similaire à l’échelle de deux pays impose son lot de défis. C’est pourquoi les gouvernements fédéraux se limitent pour le moment à un système de taxe carbone (Gouvernement du Canada, 2021b).

P. Tomasso

Synthèse

Les années 2020 et 2021 ont vu l’économie mondiale faire face à de nombreux défis. Une pandémie menant à la plus grande récession depuis la crise financière de 2008 a poussé les banques centrales à réduire les taux directeurs en 2020, entraînant une recrudescence des achats dans le marché immobilier. Qui plus est, 2021 et 2022 ont été marquées par une hausse de l’inflation record depuis les années 1990. Plus que jamais, les gens ont repensé leur mode de vie et leurs conditions de travail et une importante pénurie de main-d’œuvre a été observée, et ce, aussi bien aux États-Unis qu’au Canada. Les deux pays ont par le fait même consenti à collaborer en vue de répondre à des enjeux tels que l’inflation, la pénurie de main-d’œuvre et le réchauffement climatique. Les différents retards que les chaînes d’approvisionnement outre-mer ont connus ont certainement démontré l’importance d’un partenariat entre les pays voisins.